Le gouvernement conservateur canadien privilégierait les réfugiés syriens non musulmans dans l'étude des dossiers que lui envoie le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L'information a été révélée par le quotidien The Globe and Mail la semaine dernière. Sachant qu'il ne peut pas demander au HCR de faire un tri selon la religion des candidats à l'exil et à la réinstallation au Canada, le gouvernement canadien a ordonné à ses fonctionnaires de donner la priorité aux dossiers des «Syriens membres de minorités religieuses ou ethniques comme les chrétiens, les ismaéliens ou les Kurdes». Faisal Al Azem, porte-parole du Conseil canado-syrien, trouve scandaleux ce filtrage. Il a accepté d'en parler à El Watan. - Pourquoi le gouvernement canadien a demandé la suspension de l'étude des dossiers des réfugiés syriens ? En 2013 et 2014, le gouvernement canadien conservateur a demandé aux officiers de l'immigration d'arrêter le travail sur les dossiers de réfugiés syriens qui ont été référés par le HCR. C'est le corps de l'ONU qui réfère les dossiers des réfugiés syriens vulnérables au Canada et à la communauté internationale. Ce qu'on sait c'est que quand le HCR sélectionne ces réfugiés, il se base sur leur désespoir et leur vulnérabilité et non en fonction de préférences ethniques ou religieuses, etc. Maintenant, nous remarquons que le gouvernement canadien veut filtrer les dossiers qui ont été référés par le HCR. On se pose la question : pourquoi il y a cette interférence et cette intervention du cercle du Premier ministre pour choisir certains dossiers ? La seule réponse qu'on a provient de membres du gouvernement. Le secrétaire du ministre de l'Immigration, Alexander, avait dit récemment au Parlement : «Notre concentration va être pour la réinstallation des réfugiés venant des minorités.» Nous, ce que nous disons est que se concentrer sur un groupe et ignorer la souffrance de millions d'autres malheureux ne fait pas de nous des humanitaires mais des idéologues. C'est la source de notre frustration et c'est le problème. - Quel est le but du gouvernement ? Il ne veut pas de réfugiés syriens musulmans. Pour lui, cette catégorie doit être minime dans le programme de réinstallation des réfugiés syriens au Canada. - Qu'en est-ils des parrainages privés ? La majorité des organismes, qui ont des ententes avec le gouvernement pour le parrainage privé, sont des églises. Et on sait que depuis janvier, plus de 90% des parrainages privés ont été pour des cas de réfugiés syriens issus des minorités. Le gouvernement ne touche pas au privé, car il sait que cela va surtout être des chrétiens ou des minorités. Quand c'est le HCR, c'est tout le monde, tous les vulnérables. - Ne vous retrouvez-vous pas dans une situation où vous semblez être insensibles au sort des minorités ? Pas du tout. Ce que nous demandons c'est de protéger les gens pour leur vulnérabilité pas seulement pour leur appartenance religieuse. Ne me dites pas : je veux juste protéger les chrétiens, parce que je suis un Occidental et je me sens proche d'eux, sachant qu'il y a des millions qui sont sous les barils de TNT du gouvernement syrien ou dans des zone d'Al Qaîda ou de Daech, en danger ou kidnappés. Se concentrer sur une souffrance et ignorer l'autre n'est pas une approche humanitaire. C'est idéologique.