Il aura fallu que la photo du corps du petit Aylan Kurdi, échoué sur une plage turque, soit vue pour que le sort des réfugiés syriens passe à la une des médias partout dans le monde et au Canada. Vancouver, Ottawa et Montréal sont les premières villes à avoir manifesté dans un pays connu pour avoir eu, jusqu'à récemment, une politique d'accueil de réfugiés des plus généreuses dans le monde. Hsen Moussi, président et fondateur d'une association de défense de réfugiés, Mouvance migratoire Ô Canada, estime que jusqu'à récemment le gouvernement canadien n'a pas fait preuve d'un grand enthousiasme concernant l'accueil des réfugiés syriens. Mais «depuis la publication de la photo du petit Syrien, la donne a changé et toute la classe politique, y compris le gouvernement, veut les accueillir. Encore faudrait-il qu'ils arrivent au Canada», a-t-il indiqué. Le gouvernement canadien (conservateur) avait promis, en janvier dernier, d'accueillir 10 000 réfugiés syriens sur trois ans. Mais concrètement, seuls 1002 Syriens se sont installés au pays de la feuille d'érable. En 2014, ils étaient 1300. Hsen Moussi a lancé une pétition pour demander au gouvernement Harper de régulariser tous les demandeurs d'asile qui sont déjà présents au Canada et ce ne sont pas seulement des Syriens. Il rappelle aussi que, depuis 4 ou 5 ans, les demandes de refuge sont traitées plus «sévèrement», en plus des coupes dans les budgets alloués aux organismes d'aide aux réfugiés. Aylan Kurdi et le Canada La mort de Aylan Kurdi s'est invitée à la campagne électorale canadienne pour les élections du 19 octobre prochain. Chris Alexander, ministre de l'Immigration, s'est retrouvé au cœur d'une controverse après la publication de l'information sur son refus d'accorder l'asile à la famille du petit Aylan, en mars dernier. La demande de parrainage aurait été déposée par la tante du bébé qui vit à Vancouver, dans l'Ouest canadien. Le ministre conservateur a même suspendu sa campagne pour gérer cette crise. Finalement, il s'est avéré que c'est l'oncle et non le père de Aylan à qui la demande de refuge a été refusée. Que ce soit le père ou l'oncle qui a déposé la demande, ceci met en lumière la froideur d'un système où parfois l'humain devient un simple code ou numéro de dossier. Les partis de l'opposition ont sauté sur l'occasion et une surenchère sur les bonnes intentions d'accueil s'en est suivie. «Un gouvernement du NPD va prendre cette crise humanitaire extrêmement au sérieux, comme nous en avons l'obligation, et le Canada va assumer sa part», a dit Thomas Mulcair, chef du Nouveau parti démocratique (centre gauche), qui a promis d'accueillir 46 000 réfugiés. Justin Trudeau, chef du Parti libéral, s'est engagé à accueillir 25 000 réfugiés syriens, si son parti venait à remporter les élections. De son côté, le Premier ministre sortant et chef du Parti conservateur, Stephen Harper, s'est engagé à accueillir 20 000 réfugiés syriens d'ici quatre ans. «Aussi longtemps qu'il y aura des organisations comme le soi-disant Etat islamique, provocant littéralement des millions de réfugiés et menaçant de massacrer des gens partout dans le monde, il ne peut y avoir de solution à la crise des réfugiés. Nous devons avoir une position militaire ferme contre l'EI et c'est ce que nous faisons», a-t-il affirmé en conférence de presse. Le Canada participe à la coalition militaire internationale contre Daech.