Kameleddine Fekhar et six autres militants des droits de l'homme ont été jugés hier par la cour de Ghardaïa, pour avoir pris part aux manifestations de solidarité avec les chômeurs de la wilaya lors de la Fête du tapis en 2013. Au même moment, Youcef Ouled Dada, ce jeune citoyen condamné en 2014 à 2 ans de prison pour avoir filmé des policiers en train de commettre des actes de pillage, était jugé une seconde fois, pour avoir «diffamé» un élu local. Les verdicts des deux affaires seront connus le 26 octobre. Kameleddine Fekhar et six autres citoyens, Kacim Soufghalim, Bachir Belaâdis, Mustafa Ouyaba, Salah Alouani, Salah Abouna, Djema Moussa Oubrahim, ont été déférés hier devant la cour de Ghardaïa pour avoir pris part à une manifestation de solidarité avec les chômeurs de la wilaya, lors de la Fête du tapis en 2013. Ce procès revient après un premier jugement qui s'est terminé par une peine d'un an d'emprisonnement contre Kameleddine Fekhar, et de 6 mois contre les six prévenus, alors que dix autres ont été relaxés. Constituée d'un collectif d'avocats, Mes Noureddine Ahmine, Abderrahmane Salah, Fatiha Rahmouni, Salah Debbouz et Rafik Chalabi, la défense a plaidé l'innocence des prévenus en insistant sur le caractère pacifique de la manifestation de solidarité. Sur sa demande, la cour a visionné l'enregistrement vidéo effectué par la Gendarmerie nationale lors de la Fête du tapis, «montrant les manifestants scandant des slogans et hissant des banderoles ne faisant référence à aucun propos violent et agissant d'une manière pacifique. Ils n'ont commis aucun délit pouvant justifier leur condamnation. Raison pour laquelle nous avions demandé la relaxe pour l'ensemble des prévenus», déclare Me Ahmine que nous avions contacté à partir d'Alger. L'avocat précise que seul Fekhar est en détention, mais pour l'affaire des événements de Ghardaïa, qui est toujours en instruction. Pour ce qui est du procès de Youcef Ouled Dada, Me Ahmine affirme qu'il s'agit d'une toute nouvelle affaire, qui traduit, selon lui, l'acharnement contre son mandant. En détention depuis presque deux ans, Ouled Dada avait été poursuivi et condamné (à une peine de 2 ans) pour avoir diffusé une vidéo montrant des policiers en train de se livrer à des actes de pillage lors des événements de Ghardaïa en 2013. Pendant ce temps, un élu de la commune de Guerrara l'a poursuivi pour avoir diffusé sa photo sur les réseaux sociaux, mais l'expertise de la Gendarmerie nationale n'a pu prouver ces allégations, suscitant le classement de l'affaire. D'après l'avocat, le plaignant est revenu à la charge, mais cette fois-ci en accusant le prévenu ainsi qu'une autre personne de diffamation. Le premier nie catégoriquement les faits alors que le second les reconnaît. A l'issue du procès, Ouled Dada est condamné à 4 mois de prison ferme assortie d'une amende de 20 000 DA et un dédommagement de 50 000 DA, alors que son co-prévenu a été relaxé. «Notre appel a suscité le renvoi de l'affaire devant la cour et durant le procès d'hier, nous avons démontré que le dossier est vide de toute preuve pouvant argumenter les accusations de l'élu. Raison pour laquelle nous avons plaidé la relaxe…», souligne Me Ahmine. Selon lui, les deux procès dans lesquels le représentant du ministère public a demandé la confirmation des premières décisions se sont déroulés dans la sérénité et loin de toute pression, comme ce fut le cas lors des premières audiences. «Il est important de mettre en exergue le climat de sérénité qui a régné hier lors des deux procès au niveau de la cour de Ghardaïa loin de toute pression politique. Nous avons eu l'occasion de défendre les mis en cause en toute liberté et de démontrer qu'ils ne sont pas coupables des faits qui leur sont reprochés. Nous espérons que les décisions qui vont être prises seront justes et équitables…» A signaler que la peine de deux ans de détention retenue contre Ouled Dada est sur le point d'être purgée, alors qu'en ce qui concerne Fekhar, il fait l'objet d'une détention provisoire dans le cadre de l'affaire dite des événements qui ont secoué la ville de Guerrarra, au début de cette année. Le dossier est toujours en instruction et rien n'indique qu'il sera libéré de sitôt…