Aucun événement n'est venu perturber le déroulement des travaux de la 7e session ordinaire du conseil national du RND. Les contestataires d'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti, n'ont même pas fait le déplacement à l'hôtel Riadh à Sidi Fredj (Alger), lieu de la manifestation pour opérer « le redressement » tant revendiqué. Les 270 membres du conseil présents à cette activité ont tenté d'évaluer la situation générale du pays et les questions organiques du parti. Autres thèmes abordés par le secrétaire général du RND, lors de ces deux jours et au cours de la conférence de presse animée hier dans la matinée, figurent la réconciliation nationale, la révision de la Constitution, le terrorisme et des questions économiques. Le RND, qui est persuadé que le terrorisme ne constitue plus une menace en Algérie, s'oppose à l'idée d'une amnistie générale, telle que prônée par le chef de file du MSP, mais est prêt à défendre le projet de la charte pour la réconciliation nationale. Le RND a dit soutenir les démarches du président de la République relatives à la révision de la Constitution. Comment un parti peut-il soutenir un projet alors qu'il ignore son contenu ? M. Ouyahia s'en défend, arguant que son parti approuve l'initiative du premier magistrat du pays. L'ex-chef du gouvernement est satisfait du programme de M. Bouteflika dans lequel figure la révision de la Constitution dont il a donné les lignes directives qui sont, entre autres, le renforcement de l'édifice national et la consolidation de la stabilité du pays. « La Constitution n'est pas le Coran, c'est un texte fondamental qui a codifié ses mutations. En tant que famille politique, nous avons soutenu le président depuis son investiture à la tête du pays pour sa crédibilité et nous avons confiance en lui. Le président a annoncé les grands axes du projet de révision de la Constitution et le RND se reconnaît dans cette logique », a déclaré M. Ouyahia. Respectant les positions de chacun, il n'a pas été tendre avec ses partenaires de l'alliance, en l'occurrence Bouguerra Soltani et Abdelaziz Belkhadem. Sans citer la patron du FLN, M. Ouyahia estime que la révision de la Constitution ne peut être une initiative partisane, mais plutôt une initiative propre uniquement au chef de l'Etat. « La Constitution est une affaire qui gère un Etat et une nation. Donc sur ce chapitre, il ne peut pas y avoir de pluralité constitutionnelle ou républicaine. Au RND, il ne nous revient pas d'être derrière un tel chantier. Ce n'est pas de nos prérogatives et je pense que cela est valable pour les autres partis », a affirmé M. Ouyahia. Concernant le volet portant sur la charte et la réconciliation nationale, M. Ouyahia s'oppose à tout idée d'amnistie générale. Il a fustigé ceux qui clament une telle démarche et utilisent des concepts dont ils ne mesurent pas la portée. « Les gens doivent lire attentivement les textes de la charte qui ne fait à aucun moment référence à l'amnistie », a-t-il lancé ajoutant que le RND luttera pour qu'il n'y ait pas de retour aux années 1990. « Nous nous sommes positionnés sur le choix du peuple, un peuple qui a voté pour l'application du projet de la charte et qui s'est prononcé sur le non-retour aux années 1990 », a indiqué M. Ouyahia en réponse à une question relative aux déclarations faites par le dirigeant de l'ex-FIS, Rabah Kébir. M. Ouyahia n'a fait aucun commentaire sur ces propos quant à son projet de créer un parti politique, mais s'est contenté de préciser qu'il était étonné d'entendre le dirigeant du parti dissous dire qu'il allait encourager les hommes armés à déposer leurs armes. Pour lui, il s'agit d'une démarche positive. M. Ouyahia est persuadé que la finalité de la charte est d'arriver à réconcilier les Algériens avec eux-mêmes. « En ce qui nous concerne, nous sommes satisfaits des résultats atteints. La lutte antiterroriste se déroule avec toute l'intensité possible, mais si un groupe armé décide de déposer les armes après le délai fixé par la charte, on ne peut ni moralement ni politiquement lui refuser cela, d'autant plus que le but est d'épargner la vie de nos compatriotes. Il reste que l'application de certaines dispositions de la charte ne sont pas limitées dans le temps », dira-t-il. M. Ouyahia est convaincu que le terrorisme n'est plus une menace en Algérie et il n'est plus en mesure de perturber l'économie du pays ni son image auprès des investisseurs. Néanmoins, M. Ouyahia estime que l'existence de cinq terroristes peut engendrer des morts. Dans ce contexte, le SG du RND a condamné les actes terroristes perpétrés à travers le pays dans une vaine tentative de surenchère politique. Le conférencier admet que la crise qu'a traversée l'Algérie dans les années 90 est derrière nous. Elle a été close depuis que la nation algérienne est revenue aux urnes. « Certes, cette crise a été lourde de conséquences et a engendré des dizaines de milliers de victimes et des années de retard dans le développement, mais aujourd'hui il faut impérativement poursuivre ce développement », a-t-il souligné.