La direction du RND n'avait eu aucun mal à mener normalement les travaux de la troisième session ordinaire du Conseil national, le week-end dernier, à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. Une fois la fièvre de l'élection présidentielle passée, le parti a renoué avec une vie partisane sans enjeux majeurs, sauf peut-être celui de préserver une certaine existence médiatique. “Nous ne vivons pas uniquement de rendez-vous électoraux”, a lancé Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement, lors d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de la rencontre organique. Entouré de Abdesslem Bouchouareb, son chef de cabinet et Miloud Chorfi porte-parole du parti, il a promis aux journalistes d'attendre l'épuisement de leurs questions avant de lever la séance. Durant deux heures, il n'a pas, de ce fait, pu se suffire de sa seule casquette de secrétaire général du RND, consentant à faire valoir, de temps à autre, sa qualité de Chef de gouvernement. D'ailleurs, dès lors qu'il avait tenu à préciser que “ le RND n'éprouve aucune gêne à assumer son statut de parti du pouvoir. Nous ne faisons pas de politique de demi-mesure ou de cache-cache, nous soutenons le président de la République”, il devenait clair que le conférencier exprimera des positions, partagées ou inspirées par les hautes sphères de décisions. C'est donc en homme avisé, qu'Ahmed Ouyahia a assuré que “ rien ne plaide pour la dissolution de l'APN, au moment où elle a retrouvé sa stabilité”. Très fermement, il a dénoncé les attentats terroristes, appelant la classe politique à ne pas se taire devant la violence. Il a affirmé que la démarche portant réconciliation nationale n'est pas du tout antinomique avec une volonté de poursuivre la lutte contre le terrorisme. Même s'il ne l'a pas exprimé explicitement, il a sous-entendu que l'éradication du terrorisme passe simultanément par les armes et par le dialogue avec les groupes armés qui sont disposés à se rendre. “Nous encourageons une prise de mesures en faveur des égarés qui veulent déposer les armes”. Il a nuancé ses propos en déclarant que “la réconciliation nationale ne s'accommode pas d'extrémisme”. Il a exclu l'élargissement des principes de la réconciliation nationale aux harkis. “Ce ne sont pas des Algériens. Ils ne sont pas, en conséquence, concernés par une démarche nationale”. Interrogé sur le repli de l'opposition au lendemain de la réélection de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême, Ahmed Ouyahia a dit “ regretter cette situation”. Une entrée en matière qui lui servira à faire quelque peu le procès des partis et personnalités de l'opposition “qui retournent se rendormir dès la fin des élections. Le pluralisme ne peut pas se développer de manière efficace si l'exercice du politique se résume à des joutes électorales”. Il a estimé plus logique que les partis arrimés au pouvoir défendent ses intérêts et que ceux qui s'y opposent jouent réellement leur rôle de contre-pouvoir. “Il serait étrange que les partis du pouvoir se chargent de remorquer des partis qui les insultent matin et soir”. Encore une fois, il a plaidé pour la création de pôles politiques, représentant des idéologies et des programmes conglomérés. Il a cité pour exemple l'alliance présidentielle, formée par le RND, le MSP et le FLN, qu'il a expliquée comme un rapprochement entre trois partis politiques et non pas une fusion. Le secrétaire général du RND a soutenu qu'il est tout à fait favorable à l'abolition de la peine de mort. Il a ajouté que ladite disposition est tombée en désuétude dès lors qu'aucun condamné à mort n'a été exécuté depuis 1993. “À quoi bon rendre des sentences qui ne seront pas appliquées”. Il a précisé que l'engagement de l'Etat à abolir la peine capitale n'est pas lié aux pourparlers qu'il mène avec les autorités de la Grande-Bretagne pour l'extradition de Abdelmoumène Khalifa. “Ce pays autorise des extraditions vers les Etats-Unis, qui appliquent pourtant la peine de mort” . Il a annoncé, dans la foulée, que le procès de Khalifa aura lieu en Algérie, quelles que soient les circonstances. S. H.