Réveil aux aurores, bousculades, esprits en surchauffe, écarts de langage, ce sont ces conditions incommodantes qui rythment, depuis dimanche dernier, la vie au sein de l'unique et seule Agence d'amélioration et de développement du logement (AADL) de Béjaïa, sise rue «Zedma», dans le chef-lieu de la wilaya. En cause, la dernière coupure d'internet enregistrée dans le pays n'était pas sans causer son lot de désagréments aux souscripteurs du programme AADL 1 de 2001/2002, conviés, à partir du 25 octobre, à s'acquitter de la deuxième tranche de 5% en vue de l'acquisition de leur appartement. En effet, faute de connexion internet, nombreux sont les souscripteurs à avoir renoncé à se prémunir de la lettre de rendez-vous qui est mise à leur disposition sur le site web de l'AADL, nécessaire pour le retrait de l'ordre de versement au niveau de l'agence. Par conséquent, sans doute par crainte de rater le rendez-vous, des centaines de postulants se précipitent quotidiennement vers l'agence, créant une gigantesque et compacte foule devant ses portes, avons-nous constaté sur place mercredi dernier. Il y a tellement de monde que la rue adjacente est bloquée à la circulation automobile. Une véritable ruée avec tout ce qu'on peut imaginer comme conséquences sur l'organisation et la pression que cela engendre sur le personnel, non préparé à faire face à tant de monde. Heureusement, la compréhension et l'implication de chacun arrivent à assurer une relative fluidité. Un minimum d'organisation est assuré, notamment pour organiser l'accès à l'agence dans l'ordre d'arrivée sur les lieux, par le moyen d'une liste improvisée par les souscripteurs eux-mêmes et qu'un employé de l'agence veille à faire respecter. En temps normal, c'est-à-dire par prise de rendez-vous sur internet, l'opération se déroulait dans un cadre de loin plus organisé. Mais il n'en demeure pas moins que d'aucuns ne s'empêchent pas de penser qu'une telle situation aurait pu aussi être évitée s'il y avait plus d'une agence. «Il y a, certes, cette coupure d'internet qui a perturbé l'opération de retrait des lettres de rendez-vous, mais il est incontestable qu'une seule agence pour toute la wilaya n'est pas à même pour prendre en charge tous les souscripteurs», s'écrie un postulant arrivé d'Akbou à 6h. Côté personnel, un employé que cette ruée ne semble pas inquiéter outre mesure relativise : «Il faut s'estimer heureux de disposer de cette agence que d'autres wilayas n'ont pas.» Et de renchérir : «La wilaya compte environ 2300 souscripteurs et, en seulement trois jours, nous avons évacué 600 cas. A ce rythme, nous aurons terminé avec les retraits des ordres de versement en une semaine.» Projets lancés en réalisation Interrogé sur l'état d'avancement du dossier AADL dans la wilaya, ce même employé, qui a préféré requérir l'anonymat, nous déclare que les projets sont lancés en réalisation. Les futures cités AADL seront implantées au lieudit Ighzer Azarif, dans la commune de Oued Ghir. En tout, ce sont les projets de 3900 logements qui seront lancés incessamment, répartis sur deux projets : l'un des 1900 appartements confié à un entrepreneur local et un autre de 2000 appartements confié à une entreprise indienne, informe encore cet employé. Une information convergente nous est donnée par la wilaya qui parle, elle aussi, de lancement des projets «incessamment». Environ 2300 de ces 3900 appartements serviront à satisfaire totalement la demande du programme AADL 1 de 2001/2002, tandis que le reste sera réservé au programme AADL 2, qui compte le chiffre faramineux de 10 000 postulants dans la wilaya. Ces derniers n'auront qu'à croiser les doigts pour que la loi de finances 2016 accorde un quota satisfaisant de logements au profit de la wilaya de Béjaïa, nous dit un cadre de l'AADL. Puisque, selon lui, les décisions d'attribution des quotas sont centralisées au niveau du ministère de l'Habitat. De ce fait, les agences locales de l'AADL n'ont aucun pouvoir de décision sur les attributions, comme certains peuvent l'imaginer. Leur tâche, précise-t-on, est seulement la direction des projets en plus du travail de coordination qu'elles ont à assumer entre les différents organismes impliqués.