De violents affrontements ont éclaté dans la soirée de lundi à Béni Amrane entre des forces anti-émeute et des centaines de villageois réclamant la délocalisation du projet de CET (Centre d'enfouissement technique) prévu au lieudit El Kalaâ, sur un terrain situé dans une zone d'extension touristique (ZET). Les échauffourées ont duré plus de 2 heures, après l'intervention des forces de l'ordre pour libérer le maire, M.Afra (FFS), retenu jusqu'à 22h dans son bureau par les manifestants. Selon des sources locales, ces incidents se sont soldés par une quinzaine de blessés dont une dizaine parmi les villageois. «Le maire doit partir. C'est lui qui a proposé la réalisation du CET dans la ZET d'El Kalaâ. Hier, nous sommes venus le voir, mais il n'a pas voulu nous recevoir. Vers 11h, il s'est adressé à nous à partir de la fenêtre de son bureau. Il nous a demandé des excuses et promis d'annuler le projet en question. Néanmoins, la plupart d'entre nous étaient à bout de nerfs. Nous demandons son départ», relatent certains villageois d'Aït Khalifa et Ihdaden. En plus de la fermeture du siège de l'APC, les protestataires ont procédé également au blocage de la RN5 durant plusieurs heures, provoquant d'immenses embouteillages. «Notre région regorge de sites naturels. Cela fait des années qu'on nous a promis d'y réaliser des circuits touristiques et de légères infrastructures pour développer le tourisme de montagne, mais aujourd'hui on veut la polluer pour la rendre infréquentable et empoisonner notre quotidien. S'ils réalisent ce CET, ce sera un véritable crime écologique», dénoncent certains habitants de Thalmat. Contacté par nos soins, le directeur du tourisme de Boumerdès affirme que les études de réalisation de la ZET d'El Kalaâ sont à la 2e phase, ajoutant que ce projet vise à développer le tourisme vert dans toute la région. Plus grave, les villageois affirment que le terrain choisi par la commission est situé en amont du barrage de Beni Amrane. «Ce n'est pas à nous de leur donner des leçons sur les conséquences qui peuvent être générées pour les eaux du barrage et l'oued Issers, mais le drame c'est que même les représentants de la direction de l'environnement ont donné un avis favorable pour que le CET soit implanté sur place», regrettent-ils. Certains protestataires justifient leur inquiétude aussi par la mauvaise expérience vécue à Corso, disposant du seul CET de la wilaya. Ce centre qui a été mis en service en 2013 est devenu la source d'énormes désagréments pour les populations des localités environnantes. Il a été déjà fermé à maintes reprises par les habitants de Aoudia en raison des odeurs nauséabondes qui se dégagent des lieux, notamment en période estivale. Ladite structure qui s'étend sur 60 ha reçoit les déchets d'une vingtaine de communes de l'est de la wilaya d'Alger et de Boumerdès. Parfois, on y déverse le double de sa capacité, estimée à 600 tonnes de déchets/j. Aujourd'hui, les autorités semblent vouloir coûte que coûte réaliser le CET prévu à Beni Amrane, alors que la priorité est d'achever celui lancé à Zaâtra pour accueillir les ordures ménagères des communes relevant des daïras de Bordj Menaïel, Issers et Thénia. Hier, la situation était encore très tendue au centre-ville de Beni Amrane. Les villageois campent toujours sur leur position et exigent la démission du P/APC. Toutes nos tentatives pour joindre ce dernier sont restées vaines.