Engendrée par la crise, l'érosion de la valeur de la monnaie nationale ne manque pas d'alimenter encore plus la crise en grevant dangereusement la trésorerie des entreprises de production. La chute libre que subit la valeur du dinar, sous l'effet de la crise financière qui perdure depuis plus d'un an, compromet sérieusement la relance de la production nationale. Outre ses effets déjà fortement ressentis sur le pouvoir d'achat et la consommation des ménages, la dépréciation de la monnaie nationale commence, en effet, à plomber les activités de production et d'investissement, alors même que celles-ci sont censées tenir lieu de seule perspective de sortie de crise. A juin dernier, faut-il le rappeler, les évaluations officielles de la Banque d'Algérie (BA) font état d'une chute drastique de 22%, sur à peine un an, du cours du dinar algérien par rapport à celui du dollar américain. La raison en est bien évidemment la dégringolade des prix du brut et ses corollaires que sont le creusement du déficit de la balance des paiements et l'effritement des réserves officielles de change. Et tandis que les devises fortes flambent et se raréfient sur le marché parallèle – qui, même illégal, offre quand même certaines solutions d'accès au change – sur le marché officiel, l'euro et le dollar s'affichent désormais de plus en plus à la hausse, confirmant ainsi l'avènement d'un nouveau cycle d'érosion soutenue de la valeur du dinar. Pour sa toute dernière cotation sur le marché interbancaire des changes, la monnaie nationale affiche des cours d'ouverture de 106,6 DA pour un dollar américain et de 117, 6 DA pour un euro. Quelques mois plus tôt, soit avant l'installation de la crise pétrolière, les rapports de la Banque d'Algérie indiquaient que le cours moyen annuel de la monnaie nationale en 2014 s'établissait à 80,56 DA vis-à-vis du dollar américain et à 106,9 DA vis-à-vis de la monnaie européenne unique. La dépréciation du dinar en 2015 est ainsi des plus évidentes et ses effets néfastes sur l'économie et les productions locales le sont davantage. Engendrée par la crise, l'érosion de la valeur de la monnaie nationale ne manque pas d'alimenter encore plus la crise en grevant dangereusement la trésorerie des entreprises de production. Car, dans une économie où les taux d'intégration restent encore faibles, les producteurs recourent par trop à l'importation pour fournir leurs industries en équipements et en matières premières indispensables. Des importations payables en euro et en dollar forts – devenues jusqu'à 20% plus chères selon certains producteurs – tandis que la production qui en résultera devra être écoulée sur le marché local en dinar trop faible et en concurrence avec d'autres produits importés. Que faire alors ? Vendre à perte ou presque ; augmenter les prix de vente dans un contexte de forte d'inflation où le moral des ménages est déjà en berne, réduire les effectifs et les investissements, ce qui revient à compromettre la relance de la production nationale…. Le choix, faut-il l'admettre, est aussi cornélien pour les producteurs nationaux, réduits désormais à attendre un geste de la Banque d'Algérie pour espérer sortir de ce dilemme. Reste encore à savoir si l'institution en charge de la politique de change peut effectivement agir sur la parité du dinar en cette situation d'effondrement des fondamentaux économiques qui fondent sa valeur et son pouvoir d'achat.