Relancé depuis près de trois ans, le département obligataire du marché des capitaux d'Alger a permis de rendre disponibles, au profit des entreprises ayant émis des titres de créances (obligations), des financements évalués à un montant de plus de 151 milliards de dinars. Toutefois, sur ce montant global, la prépondérance des ressources collectées auprès des particuliers demeure minime, en comparaison aux fonds provenant des épargnants institutionnels (banques, établissements financiers et assurances). Pour les épargnants, particuliers ou autres, les emprunts obligataires offrent une opportunité de placements sûrs, en contrepartie d'une rémunération en intérêts dont le taux est fixé à l'avance sur toute la durée de l'emprunt. De leur côté, les entreprises qui émettent des emprunts obligataires accèdent, par ce bais, à une source de financement avantageuse, en sollicitant l'épargne domestique pour y puiser de l'argent frais, leur permettant de couvrir une partie de leurs investissements. Partant de cette logique, les pouvoirs publics ont œuvré, durant ces trois dernières années, à favoriser une certaine animation du marché obligataire comme source de financement, potentiellement à même d'aider à limiter les recours aux ressources publiques et surtout aux emprunts extérieurs. Comme le soulignait récemment le président du cabinet de conseils financiers Strategica, Lachemi Siagh, le recours par les entreprises aux émissions d'emprunts obligataires pour financer leurs investissements constitue une alternative judicieuse à la tentation de s'adresser aux banques étrangères. Selon lui, l'émission d'obligations « offre l'avantage d'éviter les aléas du taux de change liés au financements extérieurs et permet, en même temps, de recourir à une source de financement autre que les ressources de l'Etat ». Aussi, à la suite des griefs portés par le président de la République lui-même à l'endroit des entreprises abusant des recours aux financements extérieurs, l'option qui consiste à chercher des fonds à travers les emprunts obligataires semble captiver de plus en plus les entités du secteur économique. Ainsi, de grandes entreprises publiques, comme Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie ou encore Algérie Télécom, qui vient d'émettre des obligations à l'adresse du grand public pour un encours de 20 milliards DA, se convertissent de plus en plus en bons clients du marché obligataire. D'autres émetteurs publics, à savoir la Société de refinancement hypothécaire (SRH), l'ENTP et l'Enafor ont également levé des fonds sur ce marché en sollicitant les épargnants institutionnels. S'ajoutent à cette liste deux emprunteurs du secteur privé, à savoir le groupe Cevital et l'Arab Leasing Corporation (ALC) — établissement financier à capitaux majoritairement tunisiens, nouvellement installé sur le marché algérien. En tout et pour tout, à travers les opérations d'emprunts lancées par ces différents émetteurs, le marché obligataire a permis jusque-là de drainer pas moins de 151 milliards de dinars devant servir à financer les programmes d'investissements des entreprises concernées. Reste que sur l'ensemble de cette récolte, un montant de quelque 50 milliards de dinars seulement — en comptant l'emprunt d'Algérie Télécom, dont la période de souscription vient tout juste de commencer — a été collecté à travers des tranches d'emprunts obligataires destinées au grand public (14,18 milliards pour Air Algérie et 15, 9 milliards pour Sonelgaz). Le reste provient des épargnants institutionnels, dont essentiellement les banques publiques. Or, de l'avis même du président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB), Ali Sadmi, les entreprises recourant au marché obligataire doivent désormais favoriser l'émission d'emprunts à l'adresse du grand public qu'en direction des épargnants institutionnels. Selon lui, l'option des emprunts institutionnels commence déjà à montrer ses limites au regard des ratios prudentiels de gestion que les banques sont tenues de respecter.