L'une des entraves au développement du marché boursier reste l'insuffisante transparence, notamment en matière de résultats dans de nombreuses entreprises. “Il faut ouvrir l'accès au marché boursier, aux entreprises organisées en Sarl…”, a plaidé hier M. Djerad Djamel, expert-comptable, lors d'une table ronde consacrée aux marchés obligataires, organisée par le centre de presse du quotidien El Moudjahid. Le code de commerce, qui stipule que seules les entreprises organisées en Sociétés par actions (SPA) peuvent accéder au marché financier (marché obligataire ou d'actions), est jugé comme étant une contrainte. D'autant que les chiffres officiels annoncent l'existence de 85 000 entreprises en Algérie, en majorité des Sociétés à responsabilité limitée (Sarl). Du coup, M. Djerad Djamel suggère d'amender le code de commerce, pour introduire des mesures, permettant l'accès, entre forme d'organisation d'entreprises pour faire appel aux marchés financiers. Le marché des obligations des sociétés a connu un développement appréciable jusqu'à l'automne 2006. Cependant, depuis l'automne 2006, “deux titres seulement ont été émis d'un montant de 4,5 milliards de dinars”. Le marché compte aujourd'hui dix émetteurs, dont sept publics et trois privés (Cevital, Eepad et Arab Leasing Corporation). Le nombre de titres émis est évalué à 34 d'un encours global qui dépasse les 170 milliards de dinars. Le directeur général de la Bourse d'Alger constate une prédominance des émissions réalisées auprès des institutionnels (banque et assurances), avec un encours qui avoisine les 126 milliards de dinars, contre 51 milliards de dinars émis au niveau du grand public. Trois titres seulement ont été émis au profit du grand public, (Air Algérie, Sonelgaz et Algérie Télécom). Ces trois titres ont été introduits en Bourse à partir de mai 2006. “Le premier titre coté en Bourse a été celui de Sonelgaz, le 29 mai 2006, Algérie Télécom le 22 novembre de la même année, et enfin Air Algérie le 12 février 2007”, précise M. Ferfera. Actuellement, un encours de 51 milliards de dinars de titres obligataires est coté en Bourse. M. Ferfera affirme que l'introduction de ces titres à la cote a permis à la Bourse d'Alger de connaître un significative évolution des indicateurs d'activité. Chiffres à l'appui, le directeur général de la Bourse souligne que le niveau d'activité, en valeur échangée, en 2000, était estimé à 720 millions de dinars. Le niveau s'est détérioré à moins de 5 millions de dinars en 2005. Avec l'introduction des obligations corporatives (d'entreprises) à partir de 2006, la Bourse a connu une relance de l'activité et le niveau de la valeur échangée a atteint, en 2006, 149 millions de dinars, dont 125 millions de dinars réalisés sur les deux obligations introduites à l'époque. En 2007, la valeur échangée a atteint, le niveau “spectaculaire” de 960 millions de dinars. “Cette année, au 1er semestre, le niveau avoisine les 500 millions de dinars. On table sur une valeur d'échange qui pourrait dépasser le un milliard de dinars”, estime M. Ferfera. Le marché obligataire constitue une opportunité pour les entreprises éligibles à ce type de financement. Pourquoi ? C'est que le recours au marché obligataire, évite à l'entreprise les risques de change et de taux. “Le marché obligataire permet un financement saint de l'économie. C'est un financement basé sur les ressources disponibles, allouées par des agents à capacité aux entreprises qui expriment des besoins. Il permet à la fois à l'investisseur un gain plus important et l'émetteur de réduire ses coûts d'emprunt et donc de financement”, explique le directeur général de la Bourse. M. Ferfera révèle qu'actuellement le niveau de rendement des titres obligataires cotés en Bourse dépasse les 5%. “Ce sont des rendements exonérés d'impôts”, précise-t-il. Sur le titre d'obligation Sonelgaz, à qui il reste trois années et quelques mois à courir, le rendement s'élève à 5,35%, Algérie Télécom, 5,27% sur une maturité de trois ans et six mois, et enfin le taux de rendement sur le titre d'Air Algérie se situe à 5,55% avec une maturité restante à courir de deux ans et quelques mois. “Aucun dépôt bancaire ne permet une telle rémunération”, souligne le DG de la Bourse. Evoquant les obligations assimilables du Trésor, cotées en Bourse, M. Ferfera affirme que l'encours a atteint 151 milliards de dinars. Les entreprises pour se financier sont actuellement dans une situation de trop forte dépendance vis-à-vis de leurs banques, une situation qui trouve son origine dans l'absence d'un véritable marché financier qui reste embryonnaire en Algérie, du crédit-bail, du capital investissement et d'autres instruments adéquats. Le marché obligataire est une solution à la fois pour les émetteurs, pour les investisseurs et pour les intermédiaires. Pour autant les animateurs de la table ronde pose le problème de la transparence des entreprises privées à caractère familial. Meziane Rabhi