Le classement annuel des pays par les organisations non gouvernementales (ONG) et institutions internationales ou régionales mesure les efforts accomplis dans tous les domaines tout au long de l'année et les traduit en niveau de performance ou de régression pour chacun des pays du panel. Cet exercice s'intègre dans le processus de la mondialisation et de ce fait prend plus d'importance pour les décideurs et les analystes. Il permet à chacun des pays ausculté de s'autoévaluer et de se situer par rapport aux bons élèves qui sont évidemment toujours parmi les premiers sauf en matière de corruption, de terrorisme, de blanchiment d'argent… où il serait bon d'être le dernier de la classe. Le classement est bien évidemment décliné en chiffres et comme chacun sait ce qui est valable pour les chiffres, l'est aussi pour les classements si bien qu'on peut faire dire aux classements ce qu'on veut qu'ils disent et même ce que l'on ne veut pas qu'ils disent. A chacun sa lecture et sa grille d'analyse. A défaut de rating par les agences de notation, il est devenu dans l'air du temps pour argumenter ou soutenir une idée ou une mesure de se référer au classement que le pays occupe dans tel ou tel domaine et dans cette inflation de classement, même le football trouve sa place. Les banques, les sociétés, les individus, la pauvreté, la corruption, le développement, le sous-développement, les réserves de changes, le commerce, la gouvernance, la drogue, le blanchiment… sont passés au peigne fin suivant une batterie de critères que seuls les prescripteurs en connaissent le sens et la nature. Dans ce maquis des classements, l'Algérie se trouve par enchantement logée dans les toutes premières places dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) pour les flux d'investissements étrangers directs (IED). Ce qui laisse supposer que le pays est attractif pour les investisseurs de la péninsule qui sont réputés être de redoutables hommes d'affaires. Ils n'ont pas la prétention des Occidentaux d'exporter leur économie mais simplement de développer une activité rentable pour eux et bénéfique pour le pays d'accueil. Cette note de gaieté est malheureusement contrée par un autre classement qui vaut ce qu'il vaut mais qui renseigne assez sur le combat de longue haleine qui reste à mener et que seules la transparence et la rigueur peuvent en venir à bout. Il s'agit de la corruption où notre pays a été gratifié de la 8e place. Même si les critères de classement ne sont pas exempts de critiques, il traduit un tant soi peu une réalité que personne ne peut occulter. Les mal lotis de la République n'hésiteront pas sans l'ombre d'un doute à faire un rapprochement entre la corruption et le climat des affaires. La relation sera ainsi vite établie entre la huitième place dans le classement sur la corruption et celui de la pratique des affaires où l'Algérie est passée de la 123e à la 116e place. Cette corrélation n'est bien sûr pas évidente dans la mesure où ni les prescripteurs, ni la méthodologie, ni la finalité de l'un comme de l'autre ne se recoupent pour suggérer un tel rapport. Le classement sur la pratique des affaires (Doing Business) est l'œuvre de la Banque mondiale. Il est établi sur une base de données fiables et d'informations confirmées par les autorités des pays participants. Le traitement fait appel à une dizaines de critères pertinents où tous les éléments qui meublent l'environnement des transactions marchandes et le comportement des agents économiques sont passés à la moulinette anglo-saxonne, c'est-à-dire suivant le référentiel du système de la Common Law qui répugne le formalisme sévissant dans les systèmes de droit civil. Et c'est ainsi qu'un pays de droit civil comme la France, qui reçoit en Europe et même dans le monde un volume important d'IED, se retrouve à la 35e place dans le classement général qui comprend 175 pays. Il faut savoir que les Etats-Unis, qui dirigent la Banque mondiale d'une main de fer puisqu'ils détiennent à eux seuls 17,5% de droits de vote, disposent pratiquement d'un « droit de veto » même si le terme est impropre sur tout ce qui se fait et qui se diffuse au sein et autour de cette grande institution. Il est dans la logique des choses que l'influence de ce pays envahit et imprègne fortement toutes les activités dont l'institution est en charge. Cette influence s'est exercée dans le choix des critères et les ségrégations qui en résultent. Donc, là où le cadre législatif et réglementaire impose un formalisme qui s'explique dans le contexte du pays compte tenu de sa tradition et de son organisation administrative, il en découle que les procédures seront longues et forcément pas bonnes pour l'investisseur qui voit sa protection diminuer parce que la bureaucratie le happera. Les formalités de création d'une société par exemple ne doivent pas dépasser un jour sinon c'est pas bon pour le climat des affaires. Si on pousse plus loin l'analyse, on conclura qu'il est préférable de changer de système et d'adopter celui de la « Common Law » afin de pouvoir grignoter encore quelques points et se retrouver peut-être dans le peloton de tête après Singapour qui occupe la première place dans le classement même si la réalité est tout autre en raison de la masse des IED annoncée pour 2007 qui avoisinerait 12 milliards de dollars.