L'économie est affaire de spécialistes et nos spécialistes les plus en vue se sont exprimés sur le sujet. Il ressort de leurs explications savantes pour le citoyen lambda qu'ils sont d'accord sur les résultats du cadrage macroéconomique puisque les fondamentaux sont au vert (taux de croissance, taux d'inflation, taux d'épargne…) même si le pays épargne beaucoup et n'investit pas assez. Cependant, ils divergent sur le management et l'orientation de l'économie qui souffre pour les uns d'une absence de stratégie et pour les autres d'une démarche mal inspirée parce que conçue pour éteindre uniquement le feu. Les fruits de la croissance sont détournés et la répartition des dividendes ne se fait plus, ce qui signifie que le principe sacro saint d'égalité des "actionnaires" ( c'est à dire les citoyens) n'est pas respecté. En d'autres terme la richesse du pays ne profite pas uniquement aux locaux. Une bonne partie est distribuée aux étrangers qui profitent de notre aisance pour nous refiler n'importe quoi sauf l'essentiel, comme si on ne sait toujours pas gérer nos affaires au mieux de nos intérêts. Débat fécond puisqu'il permet à tout un chacun de mesurer les progrès accomplis dans différents domaines mais aussi et surtout d'évaluer les perspectives à venir si des changements profonds ne viennent pas modifier le cours du développement. Un autre débat sur notre pays se déroule ailleurs mais à une échelle plus vaste. Il est animé par la société civile internationale organisée en clubs et forums. Ces organismes sont en quelques sortes les agents de la mondialisation rompante. Cette mondialisation s'exprime de plus en plus à travers ces agents (ONG, officines, organismes officiels, forum de Davos…) qui ont investi pratiquement tous les champs, du politique à l'économique en passant par le social. Dans ce panorama mondial, la vedette revient bien sûr à l'économie qui est déclinée dans toutes ses coutures et ses moindres recoins. Le forum économique mondial de Davos constitue la référence en la matière. Heureux le pays qui figure en bonne place dans le classement du Forum. Seulement, les places ici se payent très cher et n'est pas admis qui veut. C'est devenu un véritable business. Le classement annuel du forum économique mondial de Davos publié le 26 septembre 2006 range l'Algérie à la 76e place sur 105 loin derrière la Tunisie (30e). le classement est le résultat d'une combinaison de plusieurs critères qui affichent au final et par ordre décroissant les pays les plus compétitifs. Le millésime 2006 donne la première place à la Suisse qui détrône les Etats Unis renvoyés à la sixième place. L'Afrique se trouve au fonds du classement. Le Forum de Davos s'appuie pour la collecte des informations sur les pays sur un réseau d'instituts et de centres de recherches implantés dans chacun des pays participant. Pour l'Algérie, le CREAD est le correspondant du Forum. Il est vrai que les classements produits par les différents prescripteurs donnent des résultats souvent contradictoires. La Banque mondiale, à la faveur de la publication de son rapport Doing Business, faisait gagner à l'Algérie six places qui se retrouve ainsi au 116e rang, ce qui représente tout de même un progrès. Ceci invite à conclure que le débat économique sur l'Algérie qu'il soit entretenu sur le plan interne ou sur le plan externe aboutit à quelques nuances prés aux mêmes résultats. Il y a du positif et du négatif, ce qui signifie que les progrès à accomplir doivent nécessairement s'inscrire dans une matrice consensuelle et lisible pour tout le monde. Le chemin de la croissance est complexe et doit impérativement conduire à des progrès réels et tangibles pour tous les citoyens de ce pays dans tous les domaines (propreté dans les villes et villages, éducation de qualité, soins performants…..). Les bons indicateurs affichés annuellement n'auront de sens que s'ils réussissent à prouver une transformation positive de l'environnement macro économique, des infrastructures, de l'ouverture du marché dans la bonne direction, de capital humain, de la taille et la protection intelligente du marché et des produits locaux et de la mutation du système financier. Les délais de réaction des décisions de politique économique prises il y a de cela quelques années pour améliorer l'ordinaire des citoyens sont excessivement longs. Ainsi si on doit améliorer l'environnement des affaires pour construire plus et mieux, il faut peut être décider dans l'intérêt bien compris du pays une fois pour toutes quelles affaires il faut faire prospérer. Le pacte économique et social en préparation peut intégrer cet aspect. Quelque soit l'angle sous lequel l'économie est disséquée, toutes les contributions convergent sur l'amélioration de la compétitivité du pays. Le rang et la note attribuée à l'Algérie par Davos ne sont pas glorieuses. Le rôle principal de l'Etat doit viser l'atteinte d'un niveau et une qualité de vie soutenable et élevée de la population. Envisagée comme telle, la compétitivité constitue un ensemble de conditions propices à la croissance sur lesquelles l'action des pouvoirs publics peut avoir une influence positive (élévation du niveau d'éducation, production des connaissances….). Cette compétitivité doit se traduire entre autre par une augmentation de la productivité à un rythme supérieur à celui des principaux partenaires commerciaux, un niveau d'emploi élevé, un pouvoir d'achat fort. L'objectif ultime étant le bien être de la population ( réduction des inégalités, lutte contre la pauvreté et les exclusions). Dans cette perspective, les politique perdront d'avance le combat s'ils érigent la compétitivité comme objectif ultime de la politique économique, elle doit rester un objectif intermédiaire.