Le soleil de plomb de cette caniculaire journée de septembre n'empêche pas les passants derrière l'immeuble Picasso de marcher en plein soleil alors que tout un trottoir est ombragé. « Je préfère marcher au soleil que de risquer de recevoir un ‘'cadeau'' sur la tête », nous dira un riverain qui rentrait chez lui. C'est que depuis quelques années, l'immeuble Picasso a acquis une sale réputation qui assimile ses habitants à des « lanceurs de poids » divers, une réputation pas totalement usurpée, même si la majorité des locataires dans la plupart des immeubles de Constantine balancent leurs sachets d'ordures par le balcon. Depuis quelques semaines néanmoins, les alentours de la cité Loucif sont nettement plus propres. Les efforts de l'APC, conjugués à un civisme qui se réveille, font que les gros tas d'ordures ne font plus partie du décor. « L'APC a affecté à la cité des jeunes du filet social qui viennent, après les éboueurs et les balayeurs, nettoyer encore plus. Cela a encouragé les habitants à ne plus balancer n'importe quoi n'importe où », soulignera un habitant de la cité « d'en haut », les immeubles qui surplombent la cité. Mais si l'APC a mis le turbo en ce qui concerne la propreté, il n'en va pas de même pour l'entretien et le suivi des travaux. « Les trottoirs sont défoncés, les murets qui délimitent les cours tombent en ruine, la rue menant à Picasso menace de s'écrouler à tout moment, les immeubles n'ont pas été repeints depuis des lustres et pour illustrer le tout, le projet de l'escalier, une quinzaine de marches, qui devait relier Picasso aux immeubles d'en bas, n'a pas été achevé et ce depuis plus de six ans ! Nous invitons le wali, qui prend des décisions courageuses, à nous rendre visite », dira Nasser, un sexagénaire. Toutes ces tares ne sont malheureusement pas les seules à la cité Loucif. L'absence de transport public, par exemple, fait que les riverains sont soumis chaque jour au diktat des chauffeurs de taxi et des clandestins. Les bus qui sillonnent les artères de Constantine boudent la cité qui étouffe sous les effets des gaz d'échappements des… bus qui assurent le transport pour les étudiants en médecine et en pharmacie. Les habitants ne bénéficient que de la pollution générée par ces bus ! « Et pour couronner le tout, l'ADE nous a placé des compteurs qui ne sont pas fonctionnels à cause des malfaçons constatées, héritage du sous-traitant de cette entreprise. L'ADE n'a pas trouvé mieux que de nous proposer de refaire certains travaux et ceux qui ne se plieront pas à sa volonté continueront à payer leur facture au forfait. Nous allons nous constituer en partie civile et poursuivre l'ADE en justice si elle n'assume pas les bourdes de son sous-traitant, qu'elle prenne en charge tous les travaux et qu'elle nous rembourse ce que nous a soutiré l'entreprise sous- traitante ». Ce sont les propos d'une des nombreuses victimes du sous-traitant de l'ADE.