La recherche d'un endroit ombragé pour échapper à la chaleur suffocante de l'été saharien devient immanquablement, pendant cette période, le sport favori et le tracas quotidien des gens de Biskra. La chaleur exceptionnellement élevée de la mi-journée, particulièrement entre 13h et 16h, annihile ou presque toute activité humaine au point d'imposer, ironisent certains, un véritable couvre-feu, pour ainsi dire, sur l'ensemble de la capitale des Ziban et ses quelque 250.000 habitants. "Celui que la nécessité oblige à se retrouver dehors aux heures du pic de canicule s'ingénue, malgré lui, à développer une véritable stratégie de déplacement et d'évitement à la recherche d'itinéraires sécurisés contre l'inévitable coup de soleil", explique à sa façon et avec un brin d'humour le président de l'association de promotion de la ville, M. Khelil. Dans cette contrée semi-désertique, les maxima de température franchissent allègrement les 50°c pendant les trois mois de l'été mettant l'organisme humain à rude épreuve et poussant les hommes à un surcroît d'ingéniosité pour se protéger des rayonnements brûlants de l'astre du jour, décidément en pleine forme. Et chacun y va de sa trouvaille: certains se couvrent la tête d'un tissu blanc imbibé d'eau fraîche, d'autres se coiffent de larges chapeaux de palme alors que les dames ne trouvent souvent que leur précieux sac à main pour protéger la tête en feu et joindre à la hâte leur destination obligée. Pour passer d'un lieu ombragé à un autre, nombreux sont ceux qui n'hésitent pas à courir comme des individus pourchassés, préférant ainsi l'abondante et gênante transpiration aux rayons foudroyants du soleil.Il s'en trouve même des personnes, femmes et hommes, qui se couvrent tout le corps d'amples et gros vêtements d'hiver croyant dur comme fer empêcher ainsi les rayons du soleil d'atteindre la peau et créer une sorte d'effet "climatisant". Ce procédé est utilisé dans toutes les zones sahariennes avec plus ou moins de bonheur par ceux qui le supportent. Quant aux visiteurs non habitués à de pareilles températures, ils ne trouvent généralement que les cafés pour s'y terrer un bon bout de temps en attendant des heures plus clémentes, peut-être en fin d'après midi. Par ailleurs, trouver un lieu ombragé pour parquer son véhicule n'est pas une sinécure, quelques sites seulement du centre-ville étant abrités et se retrouvent convoités par un grand nombre d'automobilistes à la fois. Dans cette quête effrénée d'un peu d'ombre, qui tourne parfois à la guerre non déclarée, observe-t-on, certains d'entre eux jettent tout sens de civisme par dessus bord et n'hésitent pas à garer leurs véhicules sur les trottoirs de façon à être au pied des arbres, ne se souciant guère des dangers qu'ils font ainsi courir à des piétons déjà accablés par un soleil d'enfer. Le manque de parkings aménagés aggrave encore la situation et favorise les individualismes qui font fi de l'intérêt collectif, déplorent les Biskris en regrettant la prolifération de parkings sauvages, lesquels font plus dans le racket que dans le vrai gardiennage et le respect dû au "client". De plus chanceux, en existe-t-il dans cette fournaise? Ils sont plutôt rares, tel ce vieil architecte de Biskra, le prénommé Rahmoun, qui s'est construit une maison en matériaux locaux parfaitement isolants, juste à côté d'un magnifique verger de dattiers. Autrefois nombreux, de tels vergers ont été, hélas, rongés par l'avancée tentaculaire et débridée du béton, faut-il le "re-rappeler". Habitants et associations appellent d'ailleurs de leurs voeux l'intensification des actions de reboisement dans tous les quartiers de la ville, tout le temps et pas seulement à l'occasion de tel ou tel événement très ponctuel. Une façon bien agréable de créer un micro-climat et d'adoucir l'air et... les moeurs.