Le plan d'investissement d'Algérie Télécom (AT) subit de plein fouet les contrecoups de la dépréciation de la valeur du dinar, a déclaré hier son PDG, Azouaou Mehmel, évoquant la possibilité de recourir à des prêts bancaires pour pallier le déficit en matière de financement. «On a un budget d'investissement d'une quarantaine de milliards de dinars. Si vous avez une fluctuation de 30% sur le taux de change, ce sont 30% de réalisations qui ne seront pas honorées. Cela va impacter notre plan d'investissement», a révélé M. Mehmel sur les ondes de la radio nationale. Face à cette situation pénalisante, AT, qui compte 3,2 millions d'abonnés à la téléphonie fixe et plus de 2 millions d'abonnés ADSL, envisage la possibilité de recourir à des prêts bancaires. «Face à cette situation, a priori, on est obligés d'augmenter le plan d'investissement. Mais là encore, si cela dépasse les capacités de l'entreprise, il faudra recourir à de financements extérieurs», a ajouté le même responsable. Le PDG d'Algérie Télécom a précisé en revanche que pour les prêts bancaires, l'entreprise devrait «s'assurer une rentabilité», soulignant qu'actuellement, la société couvrait des régions où «la rentabilité n'y est pas». «Nous sommes astreints par une rentabilité et nous n'avons pas le droit à une subvention ni à vendre à perte», a-t-il nuancé. A propos de la coupure du câble sous-marin au large de Annaba, l'invité de la radio a exclu tout acte volontaire. «L'enquête est en cours. Le câble a été sectionné, il a dû sûrement avoir été accroché accidentellement par une ancre. Je ne pense pas que ce soit volontaire. Cela est déjà arrivé par le passé, nous avons déjà eu des accidents similaires», a-t-il expliqué, en précisant que AT a déposé plainte contre le navire à l'origine de la coupure du câble sous-marin. Le coût de la coupure du câble, qui a duré 6 jours, a été estimé à 100 millions de dinars/jour. Afin d'augmenter les capacités en matière de bande passante, M. Mehmel a évoqué un projet de troisième câble qui reliera Oran à Valence, avec une bretelle sur Alger, qui sera financé par les fonds propres de l'entreprise. Ainsi, la branche principale du câble (Oran-Valence) coûtera 24 à 26 millions d'euros et la bretelle à partir d'Alger entre 13 et 15 millions d'euros. M. Mehmel a plaidé par ailleurs en faveur de l'assouplissement des procédures administratives pour permettre à l'entreprise de concrétiser son plan d'investissement. «Aujourd'hui, les opérateurs de télécommunications ne sont pas des opérateurs ordinaires qui devraient être régis avec les mêmes dispositions que n'importe quelle autre entreprise. Surtout pour les liaisons internationales, il faudrait réfléchir à un dispositif qui nous permettrait de prendre des décisions dans des délais assez rapides», a-t-il recommandé.