Le monument aux Morts de Constantine a abrité hier, pour la première fois, une cérémonie de commémoration, pour le 97e anniversaire de l'Armistice du 11 Novembre 1918, en présence de l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, de l'ambassadeur d'Allemagne Götz Lingenthal, du wali Hocine Oudah et des autorités locales. Cette célébration, qui a été décidée en haut lieu des deux côtés de la Méditerranée, était hautement symbolique tant l'histoire commune est douloureuse mais porteuse d'espoir. «C'est un honneur pour moi d'être présent aujourd'hui à Constantine, devant ce monument chargé d'histoire, pour commémorer le 97e anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918 qui mit fin à la Première Guerre mondiale après quatre années d'atroces combats. Ce fut l'un des pires conflits de l'histoire de l'humanité», a déclaré Bernard Emié en préambule. La signature de l'Armistice, le 11 novembre 1918, a marqué la fin des combats et la capitulation de l'Allemagne nazie. L'ambassadeur de France a évoqué les retombées fâcheuses de la «grande guerre» qui a ravagé l'Europe et coûté la vie à plus de dix millions de militaires et autant de civils. «Vingt millions de soldats furent blessés. Ce conflit eut de terribles conséquences pour chacun des pays belligérants, laissant 3 millions de veuves et 6 millions d'orphelins, des bouleversements politiques importants et un nouvel équilibre politique et économique mondial qui mit fin à l'hégémonie exercée dans le monde avant 1914 par l'Europe», a-t-il rappelé.Le choix du monument aux Morts de Constantine pour cette commémoration n'est pas fortuit. Le 11 novembre 1920 apparut l'idée de rendre hommage aux soldats morts pour la France mais non identifiés. Le soldat inconnu, une portée symbolique Le tombeau du soldat inconnu prendra une forte portée symbolique et politique. Le monument de Constantine a été érigé dans cette optique. Cet arc de triomphe de 21 mètres de hauteur, surmonté d'une statue, «la Victoire de Constantine» fut inspiré de celui de Trajan, situé dans les ruines de Timgad. Aujourd'hui, l'une des quatre niches le constituant abrite trois plaques gravées en mémoire de 809 soldats, toutes confessions et communautés confondues, originaires du Constantinois et décédés au cours de ce conflit. Dégradées en 2013, ces plaques ont été restaurées par l'ambassade de France en Algérie.C'est aussi à ces «poilus» que le diplomate français rendra hommage : «Oui, notre devoir est bien de nous incliner aujourd'hui à la mémoire de ces soldats. Et je veux particulièrement mentionner les 175 000 soldats, sous-officiers et officiers originaires d'Algérie qui prirent une part déterminante dans ce conflit, au cours duquel 26 000 d'entre eux perdirent la vie. Ils écrivaient, par ce sacrifice, une page de l'histoire de la France et de l'Algérie qui, aujourd'hui encore, confère aux relations entre nos deux pays, son caractère exceptionnel et égal à nul autre.». Et de saluer six vétérans de la Seconde Guerre mondiale, présents hier : «Messieurs les anciens combattants, vous qui avez combattu pour la liberté et participé à la libération de la France des griffes de la barbarie nazie, je souhaite vous rendre un hommage solennel et appuyé et vous redire, en mon nom comme au nom de la France, notre éternelle gratitude.» Ce moment de célébration d'une partie de l'histoire était aussi opportun pour évaluer les rapports bilatéraux : «Voilà ce qui nous a réunis aujourd'hui : rendre hommage à nos combattants, nous souvenir, transmettre à nos jeunes générations cette mémoire et regarder ensemble l'avenir.» Le rapprochement franco-allemand a été cité en exemple dans ce message empreint d'intentions. Le couple franco-allemand était représenté à Constantine par Bernard Emié et Götz Lingenthal. L'ambassadeur d'Allemagne, dans une brève allocution, est revenu sur les notions de «liberté, droit et paix» qui ne sont pas vaines car elles ont triomphé des velléités hégémoniques et du despotisme. Et de saluer dans la foulée les efforts diplomatiques et l'engagement de l'Algérie pour la paix en Libye et au Mali.