Des dizaines d'enfants de migrants syriens et subsahariens empruntent quotidiennement le tramway pour faire la manche et gagner un peu d'argent. Au niveau des chantiers de la commune de Mohammadia, des Subsahariens ont élu domicile. Des enfants en âge d'être scolarisés errent sur les quais du tramway. Ils contribuent, ainsi, à assurer un peu de nourriture à leur famille qui ont fui les conditions difficiles dans leur pays. D'autres, par dizaines, se sont rassemblés aux stations de Bordj El Bahri et Dergana, à l'est d'Alger. Ils sollicitent la générosité des usagers de la route et profitent des embouteillages pour se faire quelques dinars de plus. Des filles, la tête voilée, surveillant les plus petits, tandis que les mamans essayent de repérer d'autres endroits, plus fréquentés par les passants, histoire de se faire un peu plus d'argent sans trop se déplacer. Des fillettes et des jeunes garçons syriens accompagnent leurs mamans qui racontent, avec un accent à faire fondre les cœurs, la détresse d'un peuple déchiré par la guerre, meurtri et poussé à l'exil. «Que Dieu préserve votre pays. Nous savons que nous sommes un fardeau, mais personne n'a choisi ce destin amer», lance la jeune maman, un bébé dans les bras, à l'adresse des usagers du tramway, avant d'ordonner à sa fille de descendre à l'arrêt. La scolarisation des enfants de migrants subsahariens, nigériens pour la plupart, pose beaucoup de problèmes vu «la mobilité permanente de ces familles», révèle Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algerien (CRA). L'effort public de l'Algérie, à travers ses appareils humanitaires, repose sur le principe du respect de la volonté des migrants, consistant à offrir des centres de prise en charge dotés des commodités nécessaires et de la prise en charge sanitaire, et sur l'intervention en cas de problème signalé sans toutefois restreindre ces réfugiés à y rester, ajoute Mme Benhabylès, expliquant ainsi la présence d'enfants en âge de scolarisation dans la rue. Pour la présidente du CRA, toutes les wilayas connaissent la présence de migrants pris en charge en matière d'alimentation, de vêtements, de couvertures, de médicaments, grâce à des subventions issues de budgets étatiques mais aussi de la générosité de donateurs particuliers. «Mais il se trouve que des familles préfèrent rester dans la rue plutôt que d'aller dans ces centres mis à leur disposition. Notre politique de solidarité rejette l'idée de forcer ces migrants à se fixer, mais à continuer de leur fournir la prise en charge à la demande», insiste Mme Benhabylès. Le problème de scolarisation des enfants de migrants se pose moins pour les familles syriennes. «Nous avons assisté ces dernières années à de brillantes réussites aux examens de fin d'année d'enfants de migrants syriens qui se sont fixés au niveau des centres d'accueil», indique la présidente du CRA, qui estime que le facteur linguistique joue un rôle important dans la scolarisation. «Les écoles algériennes sont ouvertes à cette communauté de migrants et nous avons constaté que les Syriens s'adaptent facilement et réussissent à poursuivre leurs études», ajoute notre interlocutrice, qui révèle par la même occasion que les petits Nigériens séjournant en Algérie sont confrontés au problème lié à la langue de scolarisation, n'étant ni arabophones ni francophones. Selon le CRA, plus de 200 enfants syriens sont scolarisés en Algérie sans aucune contrainte. Les autorités procèdent, depuis une année, au rapatriement des ressortissants nigériens entrés illégalement en Algérie après avoir fui la guerre et la misère dans leur pays. Cette opération, qui se poursuit, a concerné à ce jour près de 4000 Nigériens. Le rapatriement s'est fait, faut-il le souligner, à la demande du gouvernement nigérien ; il avait été suspendu durant l'été, en raison du Ramadhan et des fortes chaleurs, et a repris au début de l'automne.