Déficit en structures adéquates, absence de professionnels, manque de coordination et de contrôle. La prise en charge de la petite enfance est mal assurée en Algérie. Le constat a été fait par les participants à la journée d'étude sur l'enfant d'âge préscolaire organisée, hier à l'hôtel Essafir, par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), en partenariat avec la Commission consultative nationale de la promotion et de protection des droits de l'homme (CCNPPDH). Les structures d'accueil sont insuffisantes et, si elles existent, elles ne répondent pas toujours aux normes. «Des associations ont trouvé le filon. A Bouzaréah par exemple, l'association des oulémas a transformé ses locaux en garderie. Il y a aussi ces crèches qui sont ouvertes légalement, mais où l'accueil est inacceptable, avec des enfants qui dorment par terre ou dans des positions indécentes. L'octroi des agréments se fait grâce au piston et le contrôle est absent», signale une intervenante. Même constat ahurissant d'un psychologue de Sétif qui témoigne de l'accueil scandaleux dans ces établissements. «Des enfants sont attachés dans des sanitaires. D'autres sont punis pour que leurs gardiennes aient la paix», raconte le Dr Khaled Abdessalem, maître de conférences à l'Institut de psychologie et science de l'éducation, qui précise que le but de ces établissements est plus mercantile que pédagogique. La représentante du ministère de la Solidarité nationale reconnaît cette situation : «Au 1er juillet 2014, il y avait 4 millions d'enfants âgés de 5 ans au plus. Le recensement, fait à fin 2014, fait état de l'existence de 1600 crèches agréées. Entre 2014 et 2015, on en a fermé plus de 100. Il y a un déficit énorme. A raison de 80 enfants par crèche, on estime ce manque à 55 000 établissements.» Décret sur les crèches en cours de révision «Le recensement engagé en 2013-2014 fait ressortir l'existence de plusieurs crèches exerçant sans agrément», précise Habiba Keddar, directrice de la protection et de la promotion de l'enfance et de l'adolescence et des programmes de solidarité envers les jeunes au ministère de la Solidarité. Le décret n°80-287 du 17 septembre 2008 fixe les conditions de création, d'organisation, de fonctionnement et de contrôle des établissements et centres d'accueil de la petite enfance que le ministère s'attelle à réviser. Selon Mme Keddar, obtenir un agrément n'est guère facile, avec les restrictions contenue dans le cahier des charges : exigence d'un diplôme, personnel adéquat, description physique, mobilier, etc. «On est en train de revoir le texte, avec le concours des professionnels, por faciliter l'obtention de l'agrément. Toutefois, cela ne doit pas se faire sur le dos des enfants. Nous devons renforcer le contrôle à tous les niveaux», insiste la directrice. Le président de la Forem, le professeur Mustapha Khiati, plaide pour l'assouplissement des procédures d'octroi des agréments pour augmenter l'offre, mais insiste sur la nécessité de renforcer le contrôle. Les participants à la journée d'étude ont mis en avant l'absence de professionnels chargés de la prise en charge des enfants dans les établissements du préscolaire (personnel âgé, formation insuffisante de trois jours, etc.). Les intervenants, qui ont plaidé pour la révision du carnet scolaire et la prise en charge des enfants par les UDS ont insisté sur l'implication des parents et sur la sensibilisation pour la détection précoce et la prise en charge des différents handicaps (dyslexie, surdité, etc.).