De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Depuis la promulgation du décret exécutif 92/382 datant de 1992, les établissements spécialisés dans la prise en charge de la petite enfance ont proliféré de manière ostentatoire, souvent au détriment de la qualité et de l'éthique y afférentes. L'activité a été, par la suite, complétée par une circulaire ministérielle, face aux dépassements et à la persistance de l'anarchie. Le décret 280-08 du 17 septembre 2008 est venu par la suite réorganiser un secteur en proie à des dépassements et une anarchie inacceptables, et ce, en imposant des règles de mise à niveau strictes et rigoureuses à toutes les structures existantes. Cela, à travers une batterie de procédures et de règlements organisant la profession. Mais le secteur reste, toujours, en proie à de nombreuses anomalies, paradoxes et autres anachronismes dangereux.A Oran, les crèches pullulent et poussent comme des champignons. Certaines, et elles constituent une majorité, activent sans le moindre papier officiel, ni autorisation. Il faut dire, à ce sujet, que les procédures en vigueur exigent, préalablement à toute autorisation d'ouverture d'une crèche, un certain nombre de critères. Cela à commencer par le profil du responsable de la crèche, qui doit être soit psychologue, médecin généraliste ou assistant social. L'espace dédié à la crèche doit être dégagé et au-delà des 3 pièces, cuisine et sanitaires et situé de surcroît au rez-de-chaussée ou tout au plus au premier étage. Les commissions composées des représentants de la santé, de la DAS et de la Protection civile n'effectuent plus leur travail d'inspection en amont et en aval. Les visites inopinées et les enquêtes ne se font plus comme avant. Ce qui pose un grand problème d'éthique et de déontologie dans le secteur. Il existe, à Oran, une multitude de structures dirigées par des personnes qui ne répondent à aucun profil. Les enquêtes commodo incommodo, qui interviennent à la fin de l'enquête ne sont plus assurées, non plus. Placé sous l'intitulé de «centres de garde et d'accueil de la petite enfance», ces établissements qui dépassent les 250 à Oran prolifèrent à vue d'œil. Un personnel non qualifié et du matériel didactique inadapté En plus de l'intitulé de ces structures qui oscille entre crèches, garderies d'enfants, jardins d'enfants ou encore préscolaire, il existe d'autres problèmes soulevés par les professionnels qui s'interrogent au sujet des personnels exerçant dans ces établissements et leurs qualifications. C'est, surtout, à ce niveau que réside le fond du problème. En effet, «pour exercer dans une crèche, il faut répondre à certains critères rigoureux. Car n'est pas puéricultrice ou éducatrice qui veut. C'est un métier qui ne “s'invente pas”, nous explique un professeur d'université. Or, ce qu'on constate dans le secteur, c'est surtout le contraire. Cela sans compter l'inadaptation des matériels utilisés et mis à profit dans ce secteur. Un détail qui a tout son poids dans la qualité des prestations de services assurées dans le secteur. Ainsi, les enfants sont pris en charge dans des espaces restreints et exigus, sans programme, ni pédagogie. Le prix des prestations varie entre 1 800 DA et 4 500 DA par mois par enfant. Ces prix incluent un repas et deux goûters par jour. Les enfants sont gardés la journée, pratiquent des jeux et des chants en chœur, des dessins improvisés, etc. Les enfants y évoluent dans un cadre animé, sans autre orientation pédagogique que celle nécessaire à des enfants dont l'âge ne dépasse pas les 5 ans et demi. Pour les mères actives et les couples modernes, c'est une aubaine, malgré les insuffisances. Dans certaines crèches, on propose même un cycle de préscolaire, sans pour autant l'assumer convenablement. D'autres crèches, assurées par des associations, fonctionnent telles des écoles du préscolaire et arrivent même à des résultats impressionnants. Reste à suivre et à contrôler, rigoureusement, certaines parties du programme qui font polémique à Oran, notamment dans les milieux didactiques spécialisés.