En condamnant « la guerre sainte des musulmans » et surtout en la qualifiant de « pathologie » de la religion musulmane, le nouveau pape Benoît XVI a jeté un pavé dans la mare, d'autant plus important qu'il émane de la plus haute autorité de l'Eglise catholique. Il a, pour la première fois, signifié que la violence était inscrite dans la religion musulmane et n'était pas seulement le fait d'intégristes ou de mouvements politiques comme le soutiennent les autorités religieuses de l'Islam. Le pape Benoît XVI, qui a évoqué, lors d'un discours à l'université de Regensburg, le rapport entre foi, raison et violence dans la religion musulmane, s'est référé à cette occasion à un livre de l'empereur byzantin Manuel II Paléologue (1350-1425), fils de Jean V qui, devant le péril turc, demanda secours à l'Occident, mais les croisés furent vaincus à Nicopolis (1396) et Bayazid Ier assiégea Constantinople. Manuel II fit un vain voyage en Occident pour trouver de l'aide, mais la victoire de Tamerlan sur les Turcs en 1402 sauva la capitale et l'empereur byzantin Manuel II put revenir et chasser son neveu Jean VII du trône, qui s'était révolté contre son grand-père Jean V pour l'usurper de son pouvoir. Comme Constantinople fut de nouveau assiégée en 1422 par Mourad II, Manuel II y a mis fin par un traité de sujétion, où il s'est reconnu vassal du sultan turc en 1424 et cela jusqu'à sa mort en 1425. Dans cet ouvrage Entretiens avec un musulman, la septième Controverse, d'où le pape Benoît XVI s'y est référé, a été présenté et publié dans les années 1960 par le théologien allemand d'origine libanaise Théodore Khoury (université de Münster, ouest) et expose le dialogue que l'empereur byzantin Manuel II a entretenu, entre 1394 et 1402 durant le siège de Constantinople par Bayazid Ier, avec un Persan musulman érudit. Commentant des passages de La septième controverse, l'ancien professeur de théologie à l'université de Regensburg s'est livré à une réflexion sur le rapport entre la foi, la raison et la violence, dans le christianisme et dans l'Islam, mais avait aussi rapporté que « le dialogue repose sur tout le concept de la foi décrit dans la Bible et le Coran et porte en particulier sur les images de Dieu et de l'homme, tout en revenant nécessairement sans cesse sur le rapport entre ce qu'on appelle les trois lois : l'Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran ». Le pape Benoît XVI a ajouté que « dans ce discours, je voudrais seulement aborder un point qui m'a captivé, en rapport avec le thème de la foi et de la raison et qui me sert de point de départ pour mes réflexions sur ce thème ». Car dans La septième controverse, l'empereur aborde le thème du djihad (la guerre sainte). L'empereur devait savoir que la sourate 2-256 dit : « Il n'est nulle contrainte en matière de foi. » Mais l'empereur connaissait aussi naturellement les commandements sur la guerre sainte contenus dans le Coran. Sans s'attarder sur des détails, comme la différence de traitement entre les « croyants » et les « infidèles », il pose à son interlocuteur, d'une manière étonnamment abrupte pour nous, la question centrale du rapport entre religion et violence. Et « Il lui dit : Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait » en précisant que « l'empereur, après avoir tenu des propos si forts, explique ensuite en détails pourquoi il est absurde de diffuser la foi par la violence ». Une telle violence est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme : « Dieu n'aime pas le sang et agir de manière déraisonnable est contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme et non du corps. Celui qui veut donc conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler bien et de penser juste et non de violence et de menace, car pour convaincre une âme raisonnable, on n'a pas besoin de son bras, ni d'armes ni d'un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu'un de mort. » La phrase décisive pour Benoît XVI dans cette argumentation contre la conversion par la violence, c'est : « Agir de manière déraisonnable et contraire à la nature de Dieu. » « Surtout que l'éditeur, Théodore Khoury, commente à ce propos que pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison ». Benoît XVI (Joseph Ratzinger) qui était membre des Jeunesses hitlériennes et qui avait été enrôlé dans les services auxiliaires antiaériens pendant quelques mois, même s'il avait étudié la philosophie et la théologie à Munich, puis, après avoir été ordonné prêtre, il est devenu enseignant et docteur en théologie à l'université de Regensburg, a-t-il vraiment mesuré l'impact de ses propos, qui viennent d'un empereur du Moyen-Âge assiégé, sur le plan politique des relations entre religions et dans le monde musulman, ou bien a-t-il sciemment décidé de rompre avec l'attitude plus diplomatique de Jean-Paul II, comme pour venir en aide à Israël, afin de détourner l'opinion mondiale de ses massacres au Liban et éviter l'installation d'une commission d'enquête internationale pour les crimes de guerre, tout en faisant oublier aux musulmans de savourer la première défaite des millions de soldats israéliens contre quelques milliers de combattants du Hezbollah ? C'est au lendemain du 5e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, que Benoît XVI qui, depuis son accession à la tête de l'Eglise catholique, n'a pas axé son pontificat sur le dialogue interreligieux entre Christianisme et Islam et ne s'était jamais penché publiquement de manière claire sur l'islamisme. Il a donc choisi pour la première fois d'exprimer sa pensée devant des universitaires et des étudiants de Ratisbonne dans le sud de l'Allemagne, pour condamner entre les lignes le djihad et les « conversions passant par la violence » imaginaires de l'Islam. Le djihad, selon Benoît XVI et les Occidentaux, est la guerre sainte, alors que cet aspect du concept musulman n'est que l'un des deux aspects du djihad pour le musulman, qui est majeur et mineur. Le djihad majeur ou grand djihad est l'effort que doit faire tout musulman pour lutter contre lui-même, contre son égoïsme et ses instincts, contre son orgueil et sa passion de dominer les autres. Le djihad mineur externe ou petit djihad, c'est-à-dire la guerre sainte selon les Occidentaux, n'est autorisé que dans le cas d'une agression contre les musulmans, agression provoquant le pillage des territoires musulmans et l'asservissement de la population musulmane, en ce moment que l'Islam déclare la guerre sainte et que tous les musulmans ont le devoir sacré d'y participer, car la guerre sainte est défensive et le devoir de chaque musulman est de lutter pour le triomphe de sa religion comme c'est le cas pour chaque fidèle de toutes religions. Le pape Benoît XVI, qui est un théologien réputé et ayant été enseignant et docteur en théologie, a su exprimer pour la première fois ses pensées sur l'Islam entre les lignes, lorsqu'il a fait une distinction claire entre le christianisme et l'Islam dans leur rapport entre la foi et la raison, en rapportant que « pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même à celle de la raison » et « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait », comme pour faire un jugement négatif propre envers l'Islam, sans qu'il soit inquiété sur les paroles qui ne lui sont pas propres et réussir sa logique planifiée. En critiquant le prophète Mohamed (QSSSL), avec les dires de l'empereur byzantin Manuel II, Benoît XVI admet qu'il a omis d'étudier durant son cursus universitaire la longue période de la civilisation musulmane avec sa richesse philosophique et théologique, car c'est grâce aux 23 ans de sacrifice de Mohamed (QSSSL), que la civilisation musulmane est née d'un idéal divin au temps de Charlemagne et que pendant plusieurs siècles, elle est restée le phare de l'humanité dans la pensée et la raison. Si la civilisation musulmane est venue jusqu'aux Occidentaux après l'an 756, ce n'est que lorsque le califat omeyyade de Cordoue en Andalousie (Espagne) fut proclamé pour venir leur donner les grandes lignes de la dignité humaine, des droits de la femme élémentaires et les bases des droits d'expression ainsi que les apports à la culture universelle de légistes, de médecins, d'architectes, d'astronomes et de poètes, qui écrivaient de Baghdad à Cordoue en arabe, perse, hébreu, grec et latin. Pour comprendre la richesse que la civilisation musulmane a donné à l'Occident contemporain, il n'y a qu'à se référer à la classification que George Sarton a adoptée dans son livre intitulé Introduction to The History of Science (introduction à l'histoire de la science), où il a, en effet, classé l'histoire des sciences suivant des intervalles d'un demi-siècle et qu'à chaque intervalle historique, il a fait correspondre le nom d'un savant ayant marqué l'histoire scientifique mondiale. Ainsi, de l'an 750 à 1100, c'est-à-dire sur près de 350 ans, seuls des scientifiques musulmans figuraient dans sa classification : il s'agit de savants musulmans d'origines arabe, turque, afghane, persane de la trempe de Jabir Ibn Bayrouni, Omar Al Khayyam, lesquels ont brillé dans des domaines aussi divers que la chimie, les mathématiques, la médecine, la géographie, les sciences naturelles et l'astronomie. A partir de l'an 1100 et sur une période qui s'est étendue sur 250 ans, les Européens ont commencé à collaborer avec les savants du monde musulman, tels Ibn Rochd, Al Toussi, Ibn Nafis, le juif Maïmonide (Ibn Maïmoun), et c'est à cette époque que la Renaissance européenne a commencé à voir le jour par l'étude, la traduction et l'augmentation des ouvrages des scientifiques de la civilisation issus du message de Mohamed (QSSSL). La civilisation musulmane a donc le mérite d'avoir jeté les bases de la civilisation occidentale actuelle, où vit Benoît XVI et ses disciples, en contribuant au développement des sciences telles que la médecine, la pharmacie, la chimie, les mathématiques et la physique, car ce développement scientifique des adeptes de Mohamed (QSSSL) fut le prélude du rayonnement de la civilisation occidentale dans tous les domaines scientifiques qui continuent à porter ses fruits jusqu'à nos jours. Les critiques détournées du pape Benoît XVI sur l'Islam sont certes inexacets et opportunistes pour ceux qui ont eu la chance d'étudier les fondements de l'Islam et le contexte de son évolution depuis l'avènement de Mohamed (QSSSL), mais si le pape a su prendre avantage de l'actuel contexte politique pour tenter de marquer des points religieux et politique, même si l'Eglise catholique est mal placée pour critiquer les dérives extrémistes de l'Islam en raison de son histoire sanglante et des croisades, c'est parce que la jeunesse contemporaine est loin d'assimiler les fondements coraniques et bibliques sur le rapprochement des religions et la foi que la logique de Benoît XVI vient pour alimenter la colère de l'affaire des caricatures sur le prophète Mohamed (QSSSL), qui a déjà atteint son but et faire élargir le fossé du dialogue interreligieux après que le pape Jean-Paul II, de son vivant, voulait conduire les communautés des religions vers de meilleures et plus hautes valeurs afin que le monde puisse trouver sa paix durable et les pratiquants puissent jouir de leur foi en toute liberté comme le stipule la convention universelle des droits de l'homme, loin des extrémismes de tous bords et des logiques de guerres destructrices.