Le déluge de bombes déversées sur les positions de ce désormais «grand ennemi» de l'Occident qu'est l'organisation Etat islamique (EI) ou Daech ne résoudra pas le phénomène du terrorisme islamiste. C'est une menace sérieuse sur la paix mondiale. La solution militaire seule ne suffira pas à vaincre cette véritable «hydre à sept têtes», qui se régénère et retrouve sa vitalité grâce aux multiples injustices du nouvel ordre international et aux idéologies fanatiques propagées par certains Etats du Golfe, dont l'Arabie Saoudite et le Qatar. Daech trouvera un réservoir intarissable dans les pays musulmans, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, là où les régimes politiques en place, corrompus jusqu'à la moelle, sont fortement soutenus par l'Occident. Un Occident plus soucieux de ses intérêts économiques et financiers que des aspirations des peuples du Tiers-Monde aux libertés et au développement social. Les Etats-Unis et l'Europe n'hésitent plus à afficher leur mauvaise foi et leur cupidité en soutenant des régimes honnis pour peu que ces derniers maintiennent la stabilité de leurs Etats et permettent aux «affaires» de suivre leur cours normal. Pour eux, il n'y a pas d'autre «palliatif» pour ces sociétés qui accusent d'énormes retards dans tous les domaines. Une vision des choses qui peut, à terme, s'avérer catastrophique. Actuellement, on dénombre près de 10 000 Tunisiens et Marocains dans les rangs de l'organisation terroriste. Il y aurait aussi 1500 Algériens, selon une estimation du ministère de l'Intérieur. Par ailleurs, d'aucuns se sont gaussés de cette affirmation du président français, François Hollande, selon laquelle l'Arabie Saoudite et le Qatar sont alliés dans la guerre contre l'EI. Une organisation terroriste que ces deux pays ont pourtant créée et financée dans le but de renverser le président syrien Bachar Al Assad. Imprégné de l'idéologie wahhabite très rigoriste, l'EI compte dans ses rangs plusieurs cadres de nationalité saoudienne. Mais il est vrai que la France venait de décrocher des contrats de vente d'avions et d'armement militaire pour plus de 100 milliards de dollars. Cela rend euphorique un chef de l'Etat au «ras des pâquerettes» dans les sondages. Daech peut être vaincu militairement, mais le monde n'en sera pas débarrassé pour de bon tant qu'il trouvera de la «sève» nourricière qui lui permettra de reconquérir le terrain perdu ou même de porter la guerre sur d'autres territoires. Beaucoup d'experts ont mis l'accent sur cet aspect complexe, il est vrai, de l'équation EI. Elle est pour l'heure insoluble. Quand on voit l'instance onusienne emboîter le pas aux «va-t-en-guerre», on ne peut que comprendre l'incapacité du monde occidental à traiter le mal de l'islamisme armé à la racine.