En arrivant ce lundi à Annaba pour une visite de travail, Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des investissements, savait qu'il jouait gros sur le dossier de la société algéro-indienne de sidérurgie Mittal Steel El Hadjar. Le ministre a même mis les bouchées doubles pour que ce qui s'apparente à un brûlot n'explose pas. C'est pourquoi, dès qu'il fut mis au contact de Sanjay Kumar, directeur général de cette société algéro-indienne, M. Temmar est entré dans le vif du sujet : « J'ai tenu à me déplacer en ce début de Ramadhan pour m'imprégner personnellement de la situation à Mittal Steel où l'Etat algérien est actionnaire à hauteur de 30%. Ma visite doit conduire à rétablir une configuration plus équilibrée des activités de cette société algéro-indienne. On me dit que depuis quelque temps, elle est soumise à certaines contraintes ». Le débat ainsi ouvert par le ministre a permis à Sanjay Kumar, directeur général de Mittal Steel, de présenter sa stratégie de développement de la production au complexe sidérurgique d'El Hadjar. Cependant, ce sont Aïssa Menadi, secrétaire général, et Smaïn Kouadria, chargé des conflits au syndicat de l'entreprise, qui crèveront l'abcès. Ils ont affirmé que le calme au complexe sidérurgique El Hadjar n'est qu'apparent. Selon eux, depuis des mois, tout est fait pour casser le meilleur exemple d'un partenariat réussi entre le groupe industriel indien Mittal Steel et l'Etat algérien à travers le holding, Transolb. Les deux syndicalistes insisteront sur les perturbations régulières auxquelles est confrontée la production : « le complexe est constamment soumis à des opérations de délestage d'électricité, des coupures prolongées de gaz, à des actes malveillants sur les installations. Intra-muros, il est confronté au sabotage de la voie ferrée Tébessa-Annaba, indispensable pour l'approvisionnement du complexe en minerai. Ces derniers mois, une bande organisée composée de plusieurs dizaines d'individus s'attaque, sur la route du port, aux poids lourds chargés de matière première à destination du complexe ». Il faut dire que le directeur général indien et ses partenaires sociaux du syndicat ne manquaient pas de munitions explosives pour mieux imager leur compte rendu de la situation de leur entreprise. En toile de fond, il y a cette menace de pénalité de 100 millions de dollars que Mittal Steel pourrait avoir à verser à l'Etat algérien. Il s'agit là d'une des dispositions de l'accord de partenariat qui fixe une hausse annuelle de la production en fonction d'un planning pré-établi. La fusion d'Arcelor (France) et Mittal Steel (Inde) que M. Kumar avait abordée pour bien situer l'envergure de sa société, leader mondial de l'acier, les investissements engagés au complexe d'El Hadjar, les 30 millions de dollars/an consentis depuis 2001 pour accroître la production, l'explication sur l'ensemble de ces dossiers n'avaient pas détendu l'ambiance. Y compris celui qui devait permettre d'augmenter la production du complexe sidérurgique d'El Hadjar de 1,2 million actuellement à 2,5 millions de tonnes à l'horizon 2007 pour atteindre 5 millions en 2010. A propos de la privatisation d'autres unités de production, notamment celles des tubes et des fils machines, objet de soumissions de Mittal Steel, le ministre a précisé que ce dossier a fait l'objet d'un appel d'offres international. Il a confirmé que Mittal Steel a effectivement soumissionné et qu'elle a été invitée à revoir à la hausse son offre. La Société de gestion des participations (SGP) Est et Sud-Est a été la deuxième étape de la visite du représentant du gouvernement. Au siège de cette institution en charge de la gestion de 141 entreprises publiques implantées sur 22 wilayas de l'est et du sud-est du pays, Abdelhamid Temmar a affirmé que cette SGP a, il y a quelques mois, atteint un point de non-retour. Eludant la question de l'enquête judiciaire entamée par le tribunal de Annaba sur d'importantes anomalies et malversations dans le gestion de cette SGP, le ministre a exprimé sa satisfaction des résultats qu'elle a enregistrés depuis l'avènement mai 2006 du nouveau collège de gestion.