Avec la découverte d'émanations dues aux rejets gazeux et liquides du complexe sidérurgique d'El Hadjar (Annaba), propriété du groupe indien Mittal Steel, c'est probablement la pollution la plus importante et la plus dangereuse au niveau national que l'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP) dévoile. Cette association n'a pas mâché ses mots. Brandissant les conséquences néfastes de cette pollution sur l'humain, la faune et la flore, l'ANPEP dénonce pêle-mêle le non-respect des engagements pris par les Indiens signataires du protocole d'accord en matière de respect de l'environnement, la situation environnementale dangereuse pour les populations et l'absence de toute structure de suivi de ce dossier au complexe sidérurgique El Hadjar. « Nous mettrons tous les moyens humainement possibles pour la préservation de l'environnement dans le cadre de nos activités sidérurgiques. En octobre 2002, nous avions entamé une évaluation des coûts de dépollution et avons entrepris des démarches pour la dépollution. » Cette déclaration a été faite par le premier PDG de Mittal Steel en 2003 à l'occasion de la célébration du deuxième anniversaire de la création de la société algéro-indienne de sidérurgie Ispat El Hadjar à l'époque. Elle a été réitérée à chaque fois que l'occasion de s'exprimer était donnée aux différents responsables, dont le PDG indien. Quatre années après la prise en main par les Indiens du complexe de sidérurgie d'El Hadjar, des chiffres effarants apparaissent. Aux statistiques avancées par la CNAS soulignant une hausse constante des maladies professionnelles (20 en 2001 et 42 en 2004 après avoir connu un pic de 72 en 2003), il y a les analyses contradictoires des laboratoires. Sollicités en 2005 par l'ANPEP, ces laboratoires sont catégoriques et unanimes. « Les études statistiques prouvent que 29 000 personnes atteintes de maladies chroniques ont été recensées dans la wilaya de Annaba et que 45% des travailleurs du complexe sidérurgique d'El Hadjar sont aussi concernés. Ces résultats montrent le non-respect par les responsables de Mittal Steel des termes de la convention. » Ce passage du communiqué de l'ANPEP, les autres révélations qu'il contient et les 29 000 personnes atteintes de maladies chroniques semblent avoir énormément perturbé les gestionnaires indiens de Mittal Steel. Ils ont estimé qu'il s'agit d'une basse manœuvre d'intimidation tendant à les amener à financer l'acquisition du véhicule demandé par le président pour le compte de son association. Par la voix de Mme Ferhani chargée de l'environnement, ces mêmes responsables ont énergiquement contesté les faits avancés par l'ANPEP. « Nous contestons les termes du communiqué de cette association et les chiffres qu'elle avance. L'ANPEP n'a rien à voir avec le contrat signé avec le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Nous avons établi une évaluation du coût de la dépollution. 25 millions de dollars ont été déjà engagés dans le cadre d'un plan d'actions supervisé par la Société financière internationale. Des rapports de suivi et de contrôle sont régulièrement transmis à toutes les structures concernées. Nos actions sont suivies par des superviseurs internationaux qui veillent au respect des normes de dépollution », a précisé Mme Ferhani. A l'ANPEP, on n'hésite pas à multiplier les déclarations pour affirmer que la société indienne de sidérurgie à El Hadjar n'a rien fait pour limiter les effets nocifs de la pollution que génèrent ses unités de production. Selon M. Halimi, le président de cette association, les résultats des laboratoires sont incontestables. Ils précisent que Mittal Steel est annuellement à l'origine du rejet de 36 000 t de poussière de limaille de fer, 3 millions de mètres cubes d'huile usagée, 250 000 kg de graisse et 6700 m3 d'eau polluée. « Les enquêtes, les études scientifiques et les rapports reçus par l'ANPEP sur le vécu des habitants de la zone montrent la présence de déchets gazeux et liquides rejetés par ce complexe. Ces derniers menacent la vie de la population environnante, surtout celle de la commune de Sidi Amar. » Cet autre passage du même communiqué est une véritable alerte adressée aux destinataires, dont le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement et les autorités locales de Annaba. Alors que la société indienne de sidérurgie engrange annuellement d'importants bénéfices, l'information portant sur les 29 000 personnes atteintes de maladies chroniques générées par la pollution due aux activités de Mittal Steel El Hadjar a été unanimement qualifiée d'insupportable.