L'affaire des transactions douteuses de la compagnie mixte algéro-américaine Brown Root et Condor, qui a fait couler beaucoup d'encre l'été dernier, n'a pas encore livré tous ses secrets. Après la remise, en juillet dernier, d'un rapport d'enquête préliminaire au président Bouteflika, la justice semble accélérer la cadence. Selon des sources judiciaires, le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs a commencé, au début de la semaine, à auditionner des personnes qui semblent être impliquées dans cette affaire. Selon la même source, plusieurs cadres du ministère de l'Energie et des Mines, de Sonatrach et de cette même compagnie ainsi que certains responsables au niveau des wilayas de l'est et de l'ouest vont être auditionnés dans les tout prochains jours. Le P-DG de cette compagnie devrait, lui aussi, être auditionné au courant de cette semaine. Au total, 80 personnes vont passer devant le procureur d'ici à début octobre. Ces auditions se font sur la base des résultats de l'enquête préliminaire qui a concerné plusieurs marchés douteux dont a bénéficié cette compagnie. Marchés suspicieux relatifs à des projets importants décrochés par la compagnie auprès de Sonatrach, du ministère de l'Energie et des Mines, de la Défense nationale, de Naftech et aussi de la compagnie Andarco. Entre autres projets réalisés par la compagnie, celui de l'hôpital militaire d'Oran (ouest), un CHU à Constantine (est) pour le compte du ministère de la Défense nationale et un centre spécial sur les crimes au profit de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) à Bouchaoui, à l'ouest de la capitale. Créée en 1994 et détenue à 51% par Sonatrach et à 49% par le géant pétrolier Halliburton dont le principal actionnaire n'est autre que Dick Cheney, vice-président des Etats-Unis, cette compagnie de droit algérien, spécialisée dans les services pétroliers, est soupçonnée d'avoir utilisé des voies détournées pour bénéficier de ces marchés sans recourir aux annonces d'appel d'offres, comme il est stipulé dans le code des marchés publics. Elle est également soupçonnée d'avoir surfacturé certains marchés qui ne sont pas des moindres. Aussi, cette compagnie a octroyé, comme il a été publié antérieurement dans un quotidien national, certains projets à d'autres compagnies sous-traitantes. Le cas le plus édifiant reste la construction du nouveau siège du ministère de l'Energie et des Mines, projet pour lequel elle avait associé près de 30 compagnies sous-traitantes. Il faut souligner en définitive que l'affaire a éclaté publiquement le jour où le président Bouteflika avait ordonné l'ouverture d'une enquête sur les activités de cette compagnie et de passer au peigne fin les différentes transactions qu'elle a effectuées depuis sa naissance en Algérie.