En ce début de sidna Ramadhan, mois où l'activité commerciale se veut effervescente, les ruelles, venelles et autres culs-de-sac sont pris d'assaut par des revendeurs qui, désormais, ne font plus dans la sauvette. Tout le monde tient, à sa façon, de se mettre au carillon du 9e mois lunaire. Même l'opérateur France Lait s'est mis à l'air « ramadhanien » en faisant imprimer sous son label, — marketing oblige — une « imsâqia » qui s'est gourée de mois. Au même titre que la Chaîne I qui présenta jeudi dernier un numéro de l'émission culturelle intitulée « Galerie des arts » que l'animatrice présenta avec une entame : « Nourahibou bikoum dhouyoufanâ el kiram fi hadhâ ecchahr el moubarâk », un lapsus qui trahissait l'atmosphère ramadhanesque. Ainsi, l'espace de 29 ou 30 jours, des gérants de magasins et autres réduits transforment leur activité en une autre plus substantielle, celle qui répond à l'agitation qui s'empare des jeûneurs qui s'embrouillent dans la démesure. Il y a ceux qui, contre l'idée de se faire du fric n'importe comment, n'importe où, préfèrent se terrer chez eux et faire preuve de modération : être en osmose avec la quintessence du mois de la piété et éviter de se fourvoyer, disent-ils, dans des calculs pas très islamiques. Et il y a ceux qui choisissent d'entrer carrément en hibernation en ménageant leurs efforts. Loin du vacarme des marchés, ils sont là à observer le va-et-vient des grands et petits dans une ambiance cacophonique. Ils ne sortent de leur torpeur quotidienne qu'une fois le muezzin annonce la rupture du jeûne. Par ailleurs, il y a ceux qui refusent de cultiver l'idée du gain facile et rapide. Notre ami Sid-Ali, rompu à la chose, vient d'inaugurer un sympathique local à la rue Khelifa Boukhalfa pour abriter une activité commerciale. Non pas celle de la friperie ou de la bouffe, mais bel et bien une librairie au beau milieu du négoce de la rue. Il la baptise « Mille feuilles », un clin d'œil aux échoppes de chawarma, zlabia, qalb ellouz et autres bourak, m'hadjeb, laisse-t-il entendre. Après avoir hésité sur la dénomination de la raison sociale, il porta son choix sur le terme feuille, pas la feuille de dioul ou de bourak, mais celle du savoir dans ce mois béni.