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Conversation byzantine
Publié dans El Watan le 27 - 09 - 2006

Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner les réactions aux propos du pape. Elles ne cesseront pas si tôt tant que le débat sur les religions sera biaisé par l'aveuglement, le ressentiment et souvent la haine des uns et des autres. Nombreux seront donc les observateurs ou les simples témoins qui interviendront dans ce débat.
Il y a ceux qui disent que Benoît XVI est assez béotien en matière d'Islam, parce que peu ou mal informé, assez proche des intégristes de l'Hexagone pour les avoir ramenés au bercail, et fondamentalement très proche des évangélistes américains, dont il ne cesse de louer le dynamisme. Il y a ceux qui saluent en lui le retour d'une église à poigne, moins encline à se laisser mélanger en quelque sorte à une espèce de syncrétisme qu'aurait installée son prédécesseur et qui aurait failli dissoudre l'Eglise romaine dans une « Internationale de la foi ». Et il y a ceux enfin, beaucoup plus nombreux, qui saluent ce pape courageux qui ose dire à ces musulmans qui ne cessent de faire parler d'eux depuis le fameux 11 septembre, que le voile, les caricatures, Ben Laden, l'Afghanistan, l'Irak, Ghaza, le Liban, le Ramadhan, c'est kif-kif, que c'est toujours la violence et que trop, c'est trop. Et que d'ailleurs, cela a toujours été ainsi puisque Paleologos en avait touché un mot au byzantin lbn Hazm. C'est dire le sérieux de l'argument ! Plus sérieusement, était-il raisonnable, quand on est pape, de mettre en jeu son infaillibilité à un moment où les drames quotidiens et les cendres encore chaudes du Liban appellent le plus sage d'entre nous à calmer les esprits en appelant à la paix plutôt que de souffler sur les braises ? Etait-il juste de passer par pertes et profits les apports décisifs de penseurs musulmans tels que AI Farabi (Xe), Avicenne (XIe), Averroes et AI Ghazali (XIIe), et Ibn Khaldoun (XIVe) à la pensée universelle ? Etait-il honnête de passer sous silence l'Islam des lumières qui reconnaissait à la raison le droit d'interpréter les versets du Coran lorsqu'elle était heurtée par leur sens littéral ? N'est-il pas abusif d'affirmer que la religion chrétienne a respecté la raison, alors qu'elle n'en a longtemps admis l'exercice que dans les limites du dogme ? Faut-il rappeler la mise à mort, en 1600, à Rome, de Giordano Bruno et la condamnation de Galilée par l'Inquisition ? Et à propos de violence, fallait-il oublier que le recours au glaive pour répandre la foi est une régie qui a été soutenue par des théologiens chrétiens, dont quelques-uns ne s'embarrassaient pas de détails, puisque, après le massacre général, Dieu était chargé de séparer les catholiques des hérétiques. « Tuez-les tous ; Dieu reconnaîtra les siens » Légat du Pape : Béziers 1209. Et enfin confondre l'Islam et les islamistes reviendrait à confondre la foi chrétienne et le cléricalisme catholique ; grand ordonnateur des guerres de religion, des croisades, des bûchers de l'inquisition... C'est cet amalgame ou plus respectueusement cet oubli, qui autorise les historiens, les théologiens et les hommes de foi à faire remarquer au Nonce apostolique qu'il se trompe, et à le dire ou l'écrire avec l'immense respect qui lui est dû. C'est ce respect dont aurait dû faire preuve Robert Redeker à l'égard du Coran, du Prophète et des musulmans, dans son opinion parue dans le quotidien français Le Figaro, daté du 18 septembre 2006, et qui a provoqué l'ire des autorités tunisiennes. Qu'avait-il à écrire à propos du Prophète de l'Islam « chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran », à opposer un « Jésus maître d'amour » à un « Mahomet... maître de haine » ? Ce genre d'éructations habituellement attribuées à ceux qu'on désigne traditionnellement de fanatiques, ne grandit pas son auteur. Pas plus que sa description d'un rituel symbolique au sujet duquel il écrit : « La lapidation de Satan, chaque année à La Mecque, n'est pas qu'un phénomène superstitieux. Elle ne met pas seulement en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie. Sa portée est anthropologique. Voilà en effet un rite, auquel chaque musulman est invité à se soumettre, inscrivant la violence comme un devoir sacré au cœur du croyant. » A ce tarif, rien ne pourrait l'empêcher d'affirmer par exemple que les catholiques sont anthropophages parce qu'ils célèbrent l'Eucharistie. La haine qui transpire de son article ne doit pas nous égarer. Elle est le résultat d'une réflexion indigente et d'une connaissance partisane et pitoyable de l'Islam. L'honneur du journal qui l'a publié est de l'avoir fait ; je l'espère, dans un souci de débat pluraliste. C'est cette nuance qui a probablement échappé aux censeurs tunisiens qui ont interdit la diffusion de ce numéro à cause de cet article. L'indifférence aurait été la meilleure réponse à un texte volontairement provocateur. La décision d'interdiction est regrettable ; elle ne fait que réduire encore plus la sphère du débat public, déjà très restreint et sérieusement malmené dans de nombreux pays. Dans ce combat pour la sauvegarde de la liberté d'expression, les médias ont un rôle essentiel à jouer s'ils font l'effort d'assurer un minimum de neutralité et une plus grande vigilance, afin de mieux équilibrer les débats et d'éviter les propos offensants et somme toute gratuits.
Dernier ouvrage paru : Catholique-Musulman : je te connais, moi non plus. Editions : François-Xavier de Guibert. Paris


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