Il a fallu attendre six mois après le verdict de dissolution, intervenu en février 2006, pour que le ministère des Finances décide enfin de désigner un liquidateur pour l'ENAMEP (Entreprise nationale des messageries de presse de l'Est). Un liquidateur qui, depuis le mois d'août, n'a pas encore entamé sa mission prolongeant ainsi le calvaire d'une longue attente qui dure depuis 7 années pour les travailleurs de l'entreprise. Dans leur siège, sis boulevard Larbi Ben M'hidi, les quelques travailleurs que nous avons rencontrés portent les marques d'une oisiveté dégradante et le poids d'une situation sociale détériorée, étant donné qu'ils sont privés de salaires depuis 1999. Ils espèrent, néanmoins, voir enfin le bout du tunnel grâce à la décision ministérielle et estiment que le retard d'intervention du liquidateur est dû à une légère mésentente sur ses honoraires, qui ne pourrait trop tarder pour être résolue. Ancien détenteur du monopole de la diffusion de la presse, l'ENAMEP n'a pas résisté très longtemps à la concurrence dès l'ouverture du champ au secteur privé. Les filiales du Centre et de l'Ouest ont vite été liquidées en 1997 alors que celle de l'Est, basée à Constantine, va encore tenir deux années avant de lâcher complètement, après avoir perdu quasiment tous ses marchés. Depuis ce jour, les 72 travailleurs de l'entreprise vont connaître la seule nourriture disponible : des promesses. Des promesses non tenues bien entendu, compte tenu de la situation économique du pays et des fréquents changements de politique et de tutelles. En cours de route, une bonne partie du personnel va jeter l'éponge et quitter, d'une manière ou d'une autre, le navire en grattant dans les fonds de la retraite proportionnelle ou la mise en disponibilité. Les 20 éléments qui se sont accrochés ont continué leurs démarches, multipliant les sollicitations envers toutes les tutelles possibles, notamment le ministère du Commerce en l'absence de celui de la Communication, dont dépend l'entreprise initialement. La demande d'application du décret n° 94-294 portant modalités de dissolution des entreprises a été reformulée des dizaines de fois et des sit-in ont été tenus devant les portes du ministère du Commerce, en vain. Les travailleurs ont dû attendre encore et encore avant que le gouvernement ne s'occupe de leur cas et l'octroi de leurs droits contenus dans le volet social.