Djelloul Essaheli est un artiste très connu à Tipaza. Avec une tête mal coiffée, cet artiste de grand talent, âgé de 46 ans, vit au rythme de son inspiration. Il suffit d'emprunter le sentier qui mène vers le decumanus et la zone des temples, à l'intérieur du parc national archéologique de Tipaza, pour le rencontrer. Muni de ses munitions, à savoir les haches, le ciseau le burin, la gouge, une herminette et un petit marteau, Djelloul Essaheli demeure concentré devant ses œuvres totémiques. Un tronc d'arbre sculpté par cet artiste de Tipaza ne laisse pas indifférent les visiteurs. Plusieurs totems sont produits à partir de ce tronc d'arbre, qui sont sculptés selon l'imagination. Une assiette en argile est déposée sur une roche, au pied de cet arbre transformé en œuvre d'art au milieu de ces vestiges de l'époque romaine. Quelques pièces de monnaie sont déposées par les visiteurs de passage devant le totem. C'est le gagne-pain de l'artiste. Djelloul Essaheli s'approche de ces arbres dès qu'ils commencent à « s'éteindre », bien sûr après avoir obtenu l'autorisation. A l'intérieur du parc national archéologique, on trouve des oliviers, des eucalyptus et des cèdres. Ce sculpteur sur bois et sur roches, lucide et franc dans sa conversation, ne perd pas espoir qu'un jour une « bougie » lui éclairera le chemin pour quitter définitivement cette vie difficile et misérable. Pétri de talent, cet espoir le fait encore vivre, car il ne s'empêche pas d'avouer qu'il ne peut plus supporter ces souffrances, même si chaque soir, il fait... noyer son chagrin dans la solitude. Des instants qui le transforment en poète, en un artiste tout court, jour et nuit.