Quand bien même certains établissements, notamment au niveau du chef-lieu de wilaya continuent de souffrir d'un déficit en enseignants, particulièrement pour ce qui est de la langue française ainsi que pour les mathématiques et la physique, il reste qu'au regard des événements vécus par la région, la rentrée scolaire 2015/2016 aura été une réussite à bien des égards. Tous les établissements des 3 paliers qui ont été touchés par les violences, notamment à Ghardaïa, Berriane et Guerrara, ont été restaurés et le matériel pédagogique remplacé sine die. C'était comme une sorte de défi qu'il fallait absolument et à tout prix relever, et il l'a été. Des dizaines d'entreprises et des centaines de tâcherons ont été mobilisés pour la circonstance, ce qui n'a pas été évident du tout au vu de l'ampleur des dégâts occasionnés par les violences. Tous les stigmates ont été effacés et les élèves, à la reprise, ont retrouvé leur pupitre comme avant. Même les enseignants ont mis de côté leurs propres problèmes pour s'investir corps et âme pour la réussite d'une rentrée normale de façon à permettre aux élèves de reprendre leurs cours sans stress et sans contraintes. D'ailleurs, aujourd'hui le visiteur de passage par Ghardaïa verra de ses propres yeux les enfants de cette région, des deux sexes, prendre ensemble le chemin de l'école riant aux éclats comme tous les élèves du pays. Même s'il est vrai - par mesure de sécurité - que quelques policiers restent stationnés aux abords des établissements scolaires, tout le monde aura remarqué que même ces derniers sont décontractés et se font discrets, ne disposant plus comme avant ni de matraques ni de boucliers, ce qui est quand même plus rassurant. «Bon Dieu que je suis contente de revoir tous ces gamins ensemble comme avant. Maintenant, je suis beaucoup plus tranquille pour ma fille inscrite en 2e année de lettres. Je ne ressens plus d'inquiétude chez elle quand je viens l'attendre. Bien au contraire, alors qu'avant elle faisait très vite de sortir du lycée pour me rejoindre dans la voiture, aujourd'hui il faut que je la secoue pour qu'elle laisse ses amis et vienne pour qu'on rentre à la maison. C'est quand même un signe qui ne trompe pas», affirme une dame, médecin de son état et originaire de l'Oranie, installée depuis longtemps à Ghardaïa et dont la fille est inscrite dans l'un des plus grands lycées de la ville, celui de Sidi Abbaz, dans la commune de Bounoura. Même le lycée Moufdi Zakaria, qui a vécu des turbulences lors des événements, a retrouvé son calme et surtout des centaines d'élèves qui, comme avant, ont repris leurs habitudes de se regrouper par grappes devant le grand portail de leur établissement, générant une joyeuse effervescence. Ce qui retient également l'attention cette année au niveau du corps de l'éducation, c'est l'absence totale de toute espèce de mouvement de contestation du corps enseignant ou commun, que ce soit des élèves ou de leurs parents. C'est comme si tout le monde avait compris qu'il fallait impérativement récupérer le temps perdu et surtout ressouder cette grande famille de l'éducation. C'est une véritable osmose qui a pris corps sans aucune concertation, si ce n'est une prise de conscience collective qui est la bienvenue. Il faut dire que le secteur a été bien renforcé, même si dans quelques régions, notamment à Dhaïa Ben Dahoua, quelques dizaines d'élèves continuent à souffrir dans des classes en préfabriqué, grelottant l'hiver et suffoquant de chaleur l'été. En effet, pas moins de deux lycées de 800 places pédagogiques, situés à Metlili El Djadida (45 km au sud de Ghardaïa) et Hassi Lefhel (à 150 km au sud vers El Menéa) ont été réceptionnés cette année, et ce, en sus de la réalisation de 22 classes d'extension dans d'anciens lycées. Appelés, d'une part, à réduire la pression exercée sur certains établissements éducatifs de la région, et, d'autre part, rapprocher les structures scolaires des sites d'habitations et ainsi favoriser la scolarisation des filles, 2 collèges de 600 places chacun ont par ailleurs été réceptionnés à El Atteuf et Guerrara (130 km au nord est de Ghardaïa), ainsi que deux groupements scolaires de type B à Noumérate et un autre de type C sur le plateau de Metlili alors qu'une cantine scolaire de 200 couverts a ouvert ses portes à Melika. Selon les chiffres communiqués par la direction de l'éducation de la wilaya de Ghardaïa, pas moins de 100 135 élèves sont inscrits au niveau des 3 paliers, se répartissant comme suit : 51 200 pour le cycle primaire, 31 744 pour le moyen et 17 191 pour le secondaire.