Ce produit est devenu inaccessible pour les familles moyennes ou nécessiteuses». Vendue entre 450 Da et 600 Da / kilo, la sardine qui ne quittait presque jamais les tables algériennes, est devenue aujourd'hui réservée aux familles aisées. Elle rejoint ainsi les autres fruits de mer «intouchables» tels la crevette, le merlan, l'espadon et autres. «C'était le seul poisson qu'on pouvait se permettre, mais à ce prix même la sardine on n'y touche plus», déplore Mohamed, un consommateur au marché de Bab El Oued. «A ce prix, je peux me permettre d'en consommer au moins une fois par semaine, mais c'est par principe que je ne le fais pas», affirme Kamel, un autre consommateur. «Si tous les consommateurs décident de boycotter ce poisson, les prix vont certainement baisser», continue-t-il. Face aux interrogations des consommateurs, les commerçants lancent des justifications pas très convaincantes : «Il n'y a plus de sardine au large», «Les prix dépendent de ceux des pêcheurs», ou encore «Les pêcheurs ne sont pas sortis à cause du mauvais temps». Selon Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), si la sardine est «devenue malheureusement hors de portée des familles algériennes, c'est à cause de la spéculation et du monopole qui font des ravages dans ce secteur». Donnant pour preuve la campagne de boycott de la sardine lancée par l'association APOCE en avril dernier, où «les prix sont passés de 800 Da à 300 Da voire même 250 Da dans certaines régions et ont repris leur hausse juste après l'arrêt du boycott». Selon Mustapha Zebdi, «le marché du poisson en Algérie est un marché sauvage qui n'est soumis à aucune réglementation.»