L 'Association de protection et d'orientation des consommateurs (Apoce) parraine, depuis quelques jours, une campagne de boycott commercial de la sardine, «pour alerter sur son prix excessif ayant atteint dans certaines villes côtières les 800 DA le kilo». L'association vise à réunir un maximum de soutien des consommateurs «en solidarité avec les ménages qui boudent, faute de pouvoir d'achat, les produits de la mer depuis des années». «Avec cette initiative, nous voulons attirer l'attention des responsables du secteur pour qu'ils se penchent sérieusement sur cette anarchie qui pénalise le consommateur algérien. Nous estimons que l'Algérien est aujourd'hui dans son droit de demander des comptes sur les résultats des politiques engagées pour développer le secteur de la pêche, qui n'arrive pas encore à couvrir les besoins locaux», estime Mustapha Zebdi, président de cette association. Cette dernière plaide pour une véritable politique de consommation pour que les Algériens passent au mode de conso-acteurs, au lieu de continuer à subir les aléas de l'improvisation et du manque de régulation du marché. Si la sardine est boycottée naturellement par une grande partie des ménages algériens, «il est indispensable d'agir pour sensibiliser la minorité qui continue à acheter ce poisson qui se fait de plus en plus rare sur le marché. Nous avons constaté que les pères de famille de différents horizons sociaux adhèrent à notre mouvement», soutient M. Zebdi, en annonçant qu'une évaluation de cette action sera faite à la mi-avril pour avoir une idée de l'impact de cette campagne. Cette initiative se veut, selon ses initiateurs, un moyen de «participer à lever le voile sur la réalité du marché du poisson en Algérie. Avec un littoral de plus de 1200 km et plusieurs fonds de soutien aux métiers de la pêche, les Algériens sont loin d'atteindre le ratio de consommation conseillé par l'Organisation mondiale de la santé». L'Apoce se dit «encouragée» par les résultats de plusieurs campagnes de boycott de produits qui ont subi une «hausse» illogique des prix. Rappelons, à titre d'exemple, la campagne de boycott de la viande rouge menée il y a deux ans, qui a, selon M. Zebdi, contribué à en faire baisser un tant soit peu le prix. L'Apoce a également ciblé les œufs ramenés à 8 DA. L'Apoce se targue également d'avoir activement contribué à faire baisser, dernièrement, le prix de la banane à 180 DA, après avoir atteint un record de 380 DA. L'Apoce milite pour «une véritable culture de consommation». Les consommateurs ne doivent plus subir la hausse anarchique et la spéculation. «Pour le moment, cette stratégie est envisageable avec les produits qui ne relèvent pas de la première nécessité». La grande réussite de ce concept sera «le jour où l'on pourra envisager de boycotter la pomme de terre pour pouvoir exiger un marché sain, où la règle et l'éthique commerciales seront respectées».