Le peu de sardines sur le marché , lié à la cherté du matériel et de la maintenance, est l'une des causes de la hausse du prix de ce poisson. Certains pêcheurs jettent des quantités de sardines à la mer pour maintenir le prix élevé. La sardine, source de protéines pour les familles démunies, est hors de prix depuis plusieurs années. Ces jours-ci, elle est cédée à 500 DA le kilo dans les villes côtières. Les populations de l'intérieur et du Grand-Sud ont oublié le goût de ce poisson. «Il y a dix ans, la sardine se donnait gratuitement à partir de 11h. Aujourd'hui, son prix dépasse celui de la viande blanche. C'est inconcevable», s'exclame Mustapha Zebdi, président de l'Association de la protection et de l'orientation du consommateur (APOC), jugeant inadmissible le fait que ce produit ne soit pas à la portée des moyennes et petites bourses. «Le prix de la sardine est injustifié», estime-t-il. M. Zebdi dénonce le comportement de certains pêcheurs qui, d'après lui, jettent des quantités de sardines à la mer pour maintenir le prix élevé. Le président de l'APOC explique la situation par le monopole de certains pêcheurs sur le secteur. Au sujet du commerce du poisson qu'il trouve «flou» dans la mesure où «ce marché n'est pas soumis à l'offre et la demande», M. Zebdi appelle les responsables du secteur à mener des enquêtes sérieuses. Entre temps, le président de l'APOC propose le recours à l'importation du poisson frais qui, d'après lui, pourrait coûter moins cher que la sardine locale. «Il y a des familles qui n'ont pas mangé de poisson depuis des mois. C'est un problème de santé publique», met-il en garde. Le monopole de certains opérateurs sur le marché a été dénoncé également par Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ce dernier a soulevé aussi le manque de production lié à la cherté du matériel et de la maintenance qui, d'après lui, pourrait être l'une des causes de la hausse du prix de la sardine. M. Boulenouar met l'accent également sur l'augmentation des prix de la viande rouge ayant entraîné celle du prix du poisson. «Suite à l'augmentation du prix de la viande rouge, les consommateurs se sont rabattus sur le poisson. Ce qui a provoqué un déséquilibre entre l'offre et la demande», explique le représentant des commerçants. Sur les 14 villes côtières, l'Algérie compte 13 ports de pêche, 54 000 marins pêcheurs utilisant 5200 unités de pêche (chalutiers, sardiniers et petits métiers). Le secteur compte également 18 000 poissonniers, d'après les données communiquées par Hocine Bellout, président du Comité national des marins pêcheurs. M. Bellout déclare que «ce sont les spéculateurs exerçant de manière informelle qui sont dernière la flambée des prix. Ils font leurs affaires entre 2h et 3h». Et de poursuivre : «Les quantités de sardines qui se vendent de manière informelle sont estimées à 4 fois plus que celles qui se vendent dans la pêcherie.» Le président de ce comité fait remarquer que ces personnes qui exercent dans l'informel sont très bien équipées (camions, argent…). «Ces gens ont le monopole sur tous les ports du pays. Ce n'est pas la logique de l'offre et de la demande qui s'applique», dénonce M. Bellout, déplorant l'«inertie des directions de la pêche qui ne font pas leur travail». «La loi détermine la taille de la sardine qui doit être vendue sur le marché à 11 cm minimum. Alors que sur le marché, on trouve des sardines plus petites, à 4 cm», révèle encore M. Bellout, soulignant que 11 espèces, dont la sardine et l'anchois, sont en voie de disparition des côtes algériennes. La production annuelle en poisson est estimée à 72 000 tonnes par an, tandis que l'importation du poisson congelé est estimée à 400 000 tonnes. Ce qui est loin de couvrir les besoins des consommateurs. Pour plus de clarification, notamment en matière d'atteinte aux ressources halieutiques, nous avons vainement essayé de contacter la direction des pêches maritime et océanique au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques.