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«Miser sur une transition énergétique vers le développement humain durable»
Chems Eddine Chitour. Professeur à l'école nationale polytechnique d'Alger
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2015


- Quelles perspectives pour la COP21 ?
Au Sommet de Johannesburg, le président Jacques Chirac déclarait : «La maison brûle et on regarde ailleurs». Le temps presse, car si rien n'est fait le niveau de la mer devrait monter et recouvrir plusieurs pays. Comment ne pas reproduire le fiasco du sommet de Copenhague fin 2009 ? Officiellement, il s'agit surtout d'éviter un scénario catastrophe pour la planète en limitant l'élévation des températures à 2°C maximum entre l'ère pré-industrielle (1850-1900) et la fin de ce siècle.
Pour éviter de répéter les erreurs du passé, la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Ccuncc) a demandé aux 196 parties conviées de fournir des engagements chiffrés et détaillés. Il faut tout faire pour ne pas dépasser d'ici la fin du siècle 1000 milliards de tonnes de carbone pour rester sous les 2°C.
Mais nous ne nous faisons pas d'illusions, même si tout le monde est vertueux avec 1000 milliards de tonnes de carbone, c'est un scénario à deux chances sur 3 d'après les calculs du Giec. En fait, pour être à peu près sûr d'y arriver, le monde devra donc laisser sous terre 35% de son pétrole, 52% de son gaz, et surtout 88% de son charbon. 90 grands groupes mondiaux sont à l'origine des deux-tiers des émissions de gaz à effet de serre ! Après avoir augmenté de 60% depuis le début des négociations en 1990, les émissions de gaz à effet de serre augmenteront encore de plus de 10% d'ici à 2030.
En matière de climat, tout retard pris n'est pas rattrapable et il hypothèque dangereusement la transition énergétique mondiale. Pour avoir des chances d'inverser la tendance, il est indispensable que l'accord soit flexible, dynamique, équilibré et surtout contraignant. Cependant, comment peut-on respecter les plafonds si on sait que dans toutes les prévisions les instances telles que l'AIE, la BM, le Doea prévoient une consommation à 80% fossile en 2030, avec plus de 15 milliards de tonnes équivalents et donc près de 45 milliards de tonnes de CO2 ? En l'espace de moins de 40 ans, nous écoulerons le volume de 1000 milliards de tonnes de carbone à ne pas dépasser. La planète ne pourra pas tenir les 2°C et nous le fera savoir.
Aujourd'hui, en effet, la tonne de CO2 est taxée à hauteur de huit euros. Insuffisant pour remplir sa mission de dissuasion vis-à-vis des énergies fossiles. Et pourtant, malgré tout cela, le solaire devient compétitif face à un baril à 45 dollars. Que dire si le prix était suffisamment dissuasif pour justement amorcer sans calculs et arrière-pensées ce passage franc et massif vers une économie dépolluée ?
Depuis Rio, les différentes «zerdas» (messes) des COP se sont évertuées - grâce au Giec - à présenter et prévenir contre les dangers, en vain. Les 20 COP précédentes ont toutes achoppé sur un point «essentiel» : les subventions importantes des Etats aux énergies fossiles, soit 600 milliards de dollars avec parallèlement des difficultés pour réunir 100 milliards de dollars pour lutter contre les changements climatiques induits par 900 milliards de tonnes de CO2 «produits» par des pays avancés.
- Les principaux pollueurs s'engagent à chaque fois à appuyer financièrement la lutte contre les changements climatiques, mais ils sont les premiers réfra taires à toute progression dans ce processus. Parallèlement, les propositions des pays africains ne sont pas prises en considération. Quel serait justement l'impact d'une telle situation sur ce continent ?
Le président américain Barack Obama a plaidé pour une stratégie à long terme et a dit sa foi dans le progrès pour développer des technologies propres, mais sans se prononcer sur le caractère contraignant ou non de futur accord. Pour les Présidents chinois et indien, les pays développés doivent assumer leurs «responsabilités» et leurs «engagements» à financer les politiques climatiques du Sud, et les pays en voie de développement doivent être «autorisés à se développer». Quant aux dirigeants africains, ils espèrent qu'à cette occasion les pays du Nord leur donneront les moyens de réparer.
Le Fonds vert pour le climat a vu le jour en 2011. Sa mission : redistribuer la plus grande partie des 100 milliards de dollars annuels promis par les pays riches, historiquement responsables du changement climatique, à ceux, plus pauvres, souvent les plus exposés au réchauffement.
- Quel est le poids de l'Algérie dans la lutte contre les effets des changements climatiques ?
L'Algérie s'est engagée à réduire ses gaz à effet de serre de 7% d'ici 2020 et jusqu'à 22% si elle était accompagnée dans son développement. Pour rappel, l'Algérie pollue pour environ 130 millions de tonnes de CO2 correspondant à une consommation de 40 millions de tonnes équivalent pétrole.
L'Algérie va subir de plus en plus les effets dévastateurs des changements climatiques, telles que les pluies diluviennes intempestives, les vagues de chaleur récurrentes, on parle de 4 à 5° en plus dans certaines régions du Sud, et par dessus tout l'érosion et l'avancée inéluctable du désert qui sera accélérée.
A ma connaissance, l'Algérie ne demande rien de significatif en échange de ses efforts au Fonds de 100 milliards de dollars prévus justement pour aider les PVD à surmonter les effets des changements climatiques. Pourquoi ne demanderait-elle pas de l'aide pour mettre en place le barrage vert avec également la mise en place de centrales solaires maintenant que le solaire est devenu largement compétitif ? Le Sénégal a reçu l'accord de la COP21 pour la mise en place d'une barrière verte allant du Sénégal vers Djibouti
- Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a rappelé cette semaine à Paris que l'Algérie mise essentiellement sur les énergies renouvelables. Qu'en est-il réellement sur le terrain ?
Le gouvernement a mis en place un plan énergie renouvelable qui prévoit 22.000MW (16.500 MW en solaire, 5.000 MW en éolien, 1.000 MW en biomasse, 400 MW en cogénération et le reste en géothermie) à l'horizon 2030. De mon point de vue, le programme national de développement des énergies renouvelables (2015–2030) est conçu sans transfert réel de technologie et intégration importante de la production nationale.
Pour le mettre en œuvre rapidement, il faut miser sur le Développement humain durable (DHD) et mettre en place un modèle énergétique global aboutissant à un bouquet énergétique comprenant outre les énergies fossiles avec le gaz de schiste (à moyen terme), toutes les énergies renouvelables. Ceci, sans oublier le plus grand gisement d'énergie du pays qui est celui des économies d'énergie évalué à 20%. Ce plan Marshall basé sur une transition énergétique vers le Développement humain durable a pour principe d'adosser à chaque calorie exportée une calorie en renouvelable.
- Comment, justement, faire pour aller vers le Développement humain durable ?
A l'évidence, devant une consommation non maîtrisée et devant la chute des prix du pétrole, on ne peut pas continuer ainsi. Il faut le dire : le solaire est curieusement compétitif partout, sauf en Algérie ! Pourquoi ? Alors que nous avons l'un des gisements le plus importants au monde (2500) 3000 kWh/m2/an contre le tiers en Allemagne leader européen du solaire !
Nous avons une fenêtre de trois à quatre ans au plus pour pouvoir mettre en œuvre une politique volontariste basée sur un mix énergétique et surtout une sobriété énergétique. De fait, une véritable transition énergétique amenant au développement durable. La transition énergétique vers le Développement humain durable prévoit leur remplacement progressif par des sources d'énergies renouvelables pour la quasi-totalité des activités humaines.
C'est donc aussi une transition comportementale et sociotechnique qui implique une modification radicale de la politique énergétique : en passant d'une politique orientée par la demande à une politique déterminée par l'offre. Ce sont nos gestes au quotidien également. Cette stratégie aura aussi à se pencher sur la vérité des prix. Seule une explication pédagogique permettra d'avoir l'adhésion des citoyens. Les changements climatiques sont là. L'avancée du désert peut et doit être freinée. Le Barrage vert devrait être réhabilité avec la nouvelle vision du développement durable.
La politique de grands travaux structurants, à l'instar de ce qu'a fait Roosevelt aux Etats-Unis pourrait permettre la conquête intelligente du Sud. La création de villes nouvelles qui désengorgeront le Nord sur la dorsale In Salah-Tamanrasset longue de 700 km avec la disponibilité de l'eau et de l'électricité renouvelables serait alors un exemple à suivre. De ce fait, il faut aller vers un nouveau schéma d'aménagement du territoire (Snat) pour les années à venir.
- L'amenuisement des ressources financières ne risque-t-il pas d'affecter la réalisation de ces projets ?
C'est le vrai problème. Avec des ressources financières limitées, le pétrole a perdu près de 2/3 du prix, de 120 à 45 dollars/baril. Ce qui amènera le gouvernement à des arbitrages douloureux. La situation est d'autant plus délicate que rien de sérieux n'est sorti de la réunion de l'Opep de Vienne.
Les potentats du golfe, comme l'Arabie Saoudite, ayant fait le hold-up sur l'organisation avec le destin de pays vulnérables comme l'Algérie. Enfin, la COP21 risque aussi de désigner du doigt les producteurs de pétrole en imposant une taxe sur le carbone. L'aide internationale dans le cadre de la COP21 où l'Algérie devrait annoncer son ambition pour le barrage vert est de créer un véritable microclimat sur une bande de 1500 km avec une profondeur de 20 km. Des installations solaires, éoliennes et géothermiques seraient placées sur le parcours.
La richesse du Sahara, ce n'est pas seulement les énergies fossiles, la disponibilité d'une nappe phréatique de 45 000 milliards de m3, c'est aussi et surtout ce que l'on pourrait faire pour développer l'agriculture. Faisons du Sahara une seconde Californie avec des fellahs universitaires. L'Algérie pourra ainsi créer des industries performantes, exportatrices à travers le monde entier et créatrices de milliers d'emplois.
La richesse du Sahara, c'est aussi l'écotourisme, l'archéologie, les sources géothermiques à multiples vocations. Pour cela, la transition énergétique vers le Développement humain durable est l'affaire de tous, notamment le ministère de l'Energie, mais aussi celui de l'Eau, de l'Environnement, de l'Agriculture, de la Santé et ceux du système éducatif, cheville ouvrière de cette nouvelle Algérie du savoir pourvoyeuse en cadres, techniciens et ingénieurs pour prendre en charge cette utopie mobilisatrice d'une jeunesse en attente.


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