Un rapport du Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) indique que les renouvelables (bioénergie, énergie éolienne, énergie solaire, géothermie et hydroélectricité) doivent et peuvent représenter la plus grande partie de l'offre énergétique d'ici à 2050.Le rapport de 1 500 pages, qui prévoit ce boom des énergies renouvelables d'ici à 2050 si des politiques d'accompagnement de leur développement sont mises en œuvre, a été adopté hier lors d'une réunion du Giec à Abou Dhabi. Un «résumé à l'intention des décideurs», issu du rapport a été présenté sous sa forme définitive.«Près de 80% de l'approvisionnement énergétique mondial pourrait être couvert par les énergies renouvelables à l'horizon 2050 à condition que des politiques publiques adaptées soient mises en œuvre», a indiqué le Giec dans un communiqué publié après le feu vert donné par les délégués gouvernementaux réunis dans l'émirat.Selon la fourchette la plus haute, ces énergies pourraient compter pour au moins 77% des besoins mondiaux en 2050, permettant de fournir de 314 à 407 exajoules (EJ) par an. A titre de comparaison, 314 EJ correspondent à plus de trois fois l'approvisionnement énergétique annuel des Etats-Unis en 2005. Une alternative salvatrice Le rapport du Giec souligne qu'une réduction de la part des énergies fossiles, comme les hydrocarbures ou le charbon, dans la consommation mondiale contribuerait largement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).Le développement de ces énergies pourrait ainsi réduire les émissions de GES entre 220 à 560 gigatonnes de dioxyde de carbone entre 2010 et 2050, note le rapport. «Avec l'adoption de mesures convergentes en faveur du climat et de l'énergie, les sources d'énergie renouvelable sont susceptibles de contribuer sensiblement au bien-être de l'homme en fournissant de l'énergie de manière durable et en stabilisant le climat», a déclaré le Pr Ottmar Edenhofer, co-président du groupe de travail lors de la présentation du rapport. «Toutefois, un accroissement notable des énergies renouvelables constitue un véritable défi tant technique que politique», a-t-il ajouté.Les pays en développement ont notamment un rôle important à jouer dans le développement de énergies renouvelables, soulignent les membres du Giec. «En effet, c'est là que vivent la plupart des 1,4 milliard d'individus qui n'ont pas accès à l'électricité et c'est donc là que les conditions optimales sont réunies pour déployer les énergies renouvelables», a indiqué Ramon Pichs, co-président du groupe de travail. Le rapport publié hier «va être l'ouvrage de référence pour les énergies renouvelables», a estimé Sven Teske, un de ses auteurs et membre de l'organisation de défense de l'environnement Greenpeace.L'étude du Giec, de loin la plus exhaustive que l'ONU ait préparée sur le potentiel des énergies «propres», présente et compare 164 scénarios sur l'utilisation de ces énergies alternatives, qui, en 2008, représentaient 12,9% de l'offre énergétique globale : la biomasse (10,2%), l'hydraulique (2,3%), l'éolien (0,2%), le solaire (0,1%), la géothermie (0,1%) et l'énergie issue de l'océan (0,002%). Néanmoins, sans le bois utilisé pour cuire la nourriture et se chauffer, ce chiffre tombe à 7% seulement.Le charbon, pétrole et gaz représentaient ainsi 85% et le nucléaire 2%. Vers la sortie du nucléaire Mais cette situation est amenée à changer d'ici à 2050. La conjoncture économique favorise la généralisation de l'utilisation des énergies renouvelables. Stimulé par des mesures gouvernementales, des coûts technologiques de plus en plus faibles et le prix croissant des énergies fossiles, «le déploiement des énergies renouvelables a augmenté rapidement ces dernières années», indique le texte. Elles ont représenté près de la moitié des 300 gigawatts générés par les nouvelles installations électriques dans le monde en 2008 et 2009, le reste était très largement couvert par le charbon.Le projet de rapport, qui, il faut le préciser, a été élaboré avant l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daïchi, estime qu'il est plus probable d'assister d'ici à 2050 à une vraie montée en puissance des renouvelables qu'à un scénario qui privilégierait le nucléaire et la capture et le stockage de CO2 (CCS), une autre façon de lutter contre les GES. De manière générale, la majorité des scénarios montrent une «augmentation substantielle», de trois à vingt fois, «du déploiement des énergies renouvelables d'ici à 2030, 2050 et au-delà».S'agissant de la part future de ces énergies, elle varie énormément en fonction des scénarios. Les plus ambitieux les placent en tête, considérant qu'elles pourraient couvrir les trois quarts des besoins. Mais les rédacteurs du rapport restent réalistes et les pieds bien ancrés sur terre. Prenant en compte les nombreux obstacles qui s'élèvent encore devant le développement des énergies renouvelables, comme les subventions aux énergies fossiles ou l'absence de structures adéquates pour développer de nouvelles technologies, les experts intègrent la nécessité des mutations devant s'opérer. «Pour parvenir aux objectifs internationaux de réduction de GES, une réforme profonde de nos systèmes énergétiques va être nécessaire», est-il écrit dans ce rapport qui évalue également le coût d'un tel changement, qui va demander beaucoup d'argent : 1,4 à 5,1 trillions de dollars pour la prochaine décennie, et de 1,5 à 7,2 trillions de dollars pour la période 2021-2030. Le Giec, créé en 1988, est l'instance scientifique qui fait autorité en matière de réchauffement climatique. Il est chargé d'évaluer les changements climatiques et a pour mission d'examiner et d'évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques récentes publiées à travers le monde. Ce rapport intermédiaire devrait contribuer à la rédaction du 5ème grand rapport, prévu en 2014. R. C. Construction du premier parc solaire et éolien français La commune d'Avignonet-Lauragais, près de Toulouse, développe actuellement un immense parc de trois hectares destiné à la production d'énergies d'origine renouvelables. Le parc de production d'énergie solaire et éolienne est le premier de ce type qui se développe en France. Selon le quotidien 20 minutes, 20 320 panneaux solaires ont été installés sur près de trois hectares en moins de six mois. Les travaux ont été dirigés par l'entreprise canadienne Boralex, spécialisée dans l'industrie du photovoltaïque. Le parc de panneaux photovoltaïques représente un budget de 14,6 millions d'euros. Un prix nécessaire à l'élaboration d'un dispositif qui produit efficacement de l'énergie tout en respectant l'environnement. L'énergie totale produite par ce complexe pourrait alimenter 1 540 foyers. Le dispositif éolien, contient, quant à lui, une dizaine d'appareils, installés en 2002 et capables de produire de l'énergie pour 8 570 foyers.