Très attendus, les travaux du 14e congrès du Font Polisario ont débuté hier à Dakhla, dans les camps de réfugiés sahraouis, en présence de 2472 congressistes et de nombreuses délégations étrangères. A l'occasion, les grandes nations du continent africain, telles que l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana et l'Egypte, ont tenu à marquer leur présence et surtout à exprimer leur «soutien inconditionnel» à la «juste» cause sahraouie. La Tunisie était également représentée à ce congrès par des responsables de Nidaa Tounes, le parti actuellement au pouvoir. Comme toujours, les délégations des pays de l'Amérique latine, à leur tête celle de Cuba, ont rallié Dakhla en force. Le rendez-vous est attendu, car il doit déboucher sur une refonte du règlement intérieur du «Front», la définition d'un nouveau programme d'action national et éventuellement sur une révision de la Constitution de la République sahraouie. Un amendement de la Loi fondamentale sahraouie, s'il venait à être adopté, pourrait ouvrir la voie à la création d'un poste de vice-Président. C'est, du moins, ce que soutiennent certains congressistes. Dans tous les cas, la décision de la commission nationale de préparation du 14e congrès du Front Polisario de revoir tous ces textes répond au souci premier des dirigeants sahraouis de donner une nouvelle dynamique à leur lutte pour la libération du Sahara occidental, occupé illégalement par le Maroc depuis 1975. Poussée des jeunes cadres du «Front» Pour les besoins de cet objectif, les travaux du congrès peuvent déboucher sur l'élection d'une nouvelle direction à la tête du Front Polisario, surtout que la jeune garde sahraouie et les partisans au sein du Front d'une ligne dure vis-à-vis de l'Etat colonial marocain «qui continue à défier la légalité internationale» commencent sérieusement à s'impatienter. Mieux, ils se font de plus en plus nombreux. Cette jeune garde est aujourd'hui «lasse» également des «tergiversations du Conseil de sécurité de l'ONU qui n'arrive toujours pas, depuis le cessez-le-feu conclu en 1991, à prendre ses responsabilités et à aller vers un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui». L'inertie qui frappe le Conseil de sécurité de l'ONU se vérifie d'ailleurs à travers son incapacité à élargir les prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, alors que les violations y sont terribles, régulières et systématiques. Beaucoup de Sahraouis veulent reprendre les armes tant les conditions dans les camps de réfugiés sont extrêmement difficiles. Des conditions qu'ils endurent depuis 1975. A ce propos, le président du Parlement sahraoui et chef de la délégation sahraouie aux négociations, Khatri Eddouh, qui a été élu hier à la présidence du bureau du 14e congrès, n'a pas caché le fait que «l'option de la guerre est effectivement sur la table». Seulement, il fera remarquer que l'équipe dirigeante issue du 13e congrès , tenu en 2011 à Tifariti et qui a misé sur l'action politique et diplomatique, a réalisé aussi des avancées qui méritent d'être soulignées. Des avancées, a-t-il dit, dont la plus représentative est l'isolement progressif du Maroc et la récente décision de la Cour de justice de l'Union européenne d'annuler purement et simplement l'accord agricole controversé qui lie l'UE au Maroc depuis 2012. Une décision qui se justifie par le fait qu'il a été établi que les ressources exploitées au Sahara occidental occupé ne profitent pas aux Sahraouis. Le point de vue de M. Eddouh est défendu aussi par le représentant sahraoui auprès de l'Union européenne, Mohamed Sidati, qui explique que la décision de la Cour de justice de l'UE prouve que la cause sahraouie a gagné en visibilité sur tous les continents, y compris en Europe, ajoutant que le combat sahraoui a permis d'étaler au grand jour le «brigandage» marocain. «La cause avance lentement mais sûrement», a-t-il assuré. Brigandage marocain Comprenant et sentant surtout l'impatience de la jeunesse sahraouie monter autant dans les camps de réfugiés que dans les territoires sahraouis occupés, le président de la République sahraouie et également secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a assuré, dans une courte allocution prononcée hier à l'ouverture des travaux du congrès du Front, que «la victoire est proche» et qu'«aujourd'hui les Sahraouis sont en position de force». Possible qu'à l'écoute de ce discours optimiste, certains partisans de la reprise des armes ont décidé de mettre en sourdine leur revendication. Pour tous les autres rétifs, le congrès a encore 4 jours pour les convaincre de la pertinence de la voie diplomatique. C'est aussi pour cette raison que ce 14e congrès est important et décisif.