La suspension pour huit ans de Joseph Blatter et Michel Platini de toute activité liée au football, de par son caractère inédit à ce niveau de l'instance suprême du sport-roi, annonce des réformes profondes au sein de l'empire FIFA. Le verdict tant attendu dans l'affaire visant les deux hommes forts de la planète foot, Joseph Sepp Blatter (président de la FIFA) et Michel Platini (président de l'UEFA), est tombé tel un couperet, hier. Les deux hommes, impliqués dans le versement de 1,8 million d'euros, ont été suspendus 8 ans de toute activité liée au football par le tribunal interne de la FIFA. Platini et Blatter sont jugés en outre coupables d'«abus de position», de «conflit d'intérêt» et de «gestion déloyale». Platini avait reconnu avoir perçu en 2011 ladite somme pour sa collaboration en tant de conseiller de Blatter jusqu'en 2002, sans aucun contrat écrit, mais sur engagement oral. Le Suisse est également mis en cause dans l'affaire de l'attribution des droits TV, jugés défavorables et en deçà des prix du marché. Juste à l'annonce du verdict, Blatter, qui a intégré la FIFA en 1975 et est devenu son président en 1998, s'est senti «trahi» par la justice interne de la Fédération internationale, l'instance qui l'a fait grandir durant son mandat. Il a toutefois défendu son «poulain» dans une conférence de presse en affirmant qu'il est «un homme honnête et intègre». Mais cela ne changera en rien le verdict de la FIFA, qui a également interdit à l'ancien meneur de jeu des Bleus d'assister à titre officiel à l'Euro 2016 qui aura lieu dans son pays du 10 juin au 10 juillet prochains. En plus de cette lourde sanction, commentée différemment par les observateurs, Platini a écopé d'une amende de 80 000 francs suisses (74 000 euros), alors que Blatter s'est vu infliger une amende de 50 000 francs suisses (46 295 euros). Les deux hommes ont décidé de faire appel devant la chambre des recours de la FIFA et le Tribunal arbitral du sport (TAS), alors que d'autres mesures pourraient être prises à leur encontre par le tribunal civil. La porte-parole du procureur général suisse, Nathalie Guth, a indiqué que «cette décision de la FIFA n'a pas d'influence sur les procédures pénales» qui sont en cours. Platini, qui a toujours clamé sa bonne foi, a répliqué : «Je suis déjà jugé, déjà condamné.» Et de dénoncer une manœuvre pour l'empêcher de se présenter à la présidence de la FIFA. Cette sanction aura donc des conséquences directes sur le devenir de l'ancien champion d'Europe en 1984 et triple Ballon d'or, lui qui aspirait à succéder à Blatter à la tête de la puissante FIFA. Suspendu préalablement pour 90 jours, soit jusqu'au 5 janvier 2016, le Français (60 ans) n'aura certainement pas le temps de faire recours pour postuler à la présidence de la FIFA. Tandis que le Suisse (79 ans), qui avait démissionné au lendemain de sa réélection pour un cinquième mandat, n'attendait que le déroulement des prochaines élections, le 26 février 2016, pour se retirer définitivement. La sanction des deux hommes est donc un autre épisode dans le long processus d'événements qui a frappé cette année la FIFA, bouleversée par des scandales de corruption depuis mai dernier.