Marx, Gide, Picasso, Régis, Fromentin, Leeder, Maupassant, Blanc, Daumas, Baffi, Nelson et des dizaines de personnalités de cette époque ont séjourné à Biskra. Dans leurs écrits, poèmes, tableaux et compositions musicales, l'influence de l'ensorcelante Reine des Ziban transparaît indubitablement. Dans le cadre d'une série de colloques nationaux consacrés à l'histoire de Biskra qu'elle organise régulièrement, l'association Khaldounia a choisi pour la 13e édition de cette manifestation de s'intéresser à «Biskra à travers le regard des voyageurs occidentaux des XIXe et XXe siècles» Du 22 au 24 décembre, des professeurs, historiens et chercheurs universitaires venus de tout le pays se sont penchés sur ce thème et ont mis en avant l'attrait exercé par cette ville du Sud algérien sur ses visiteurs y «ayant trouvé les caractéristiques d'un paradis terrestre avec ses paysages fascinants et ses palmeraies luxuriantes irriguées au moyen d'un système de seguias savant, son climat doux et tempéré, ses habitants d'une hospitalité et d'un sens de l'honneur innés et les vertus curatives de ses eaux thermales», a-t-on souligné. Elle était un centre de tourisme et de loisirs couru par la haute société européenne et américaine, un lieu de ralliement des artistes-peintres, des poètes, des comédiens et des penseurs, intellectuels et mêmes des écorchés de la vie à la recherche d'un havre de paix et de repos, d'inspiration et de ressourcement. Marx, Gide, Picasso, Régis, Fromentin, Leeder, Maupassant, Blanc, Daumas, Baffi, Nelson et des dizaines de personnalités de cette époque ont séjourné à Biskra. Dans leurs écrits, poèmes, tableaux et compositions musicales, l'influence de l'ensorcelante Reine des Ziban transparaît indubitablement, ont démontré les participants à ce colloque qui ont étudié et disséqué les œuvres de ces auteurs et artistes occidentaux. L. Feliachi, de l'université de Biskra, doctorant en intertextualité et interculturalité et professeur de musique, a illustré le propos en évoquant la vie et les œuvres de Bella Bartok. Compositeur de génie voulant redorer le blason des musiques anciennes et des rythmes ancestraux, ce Hongrois, né en 1881 à Banot et décédé à New York en 1945, a sillonné le monde pour enrichir son répertoire par de nouvelles rythmiques et sonorités. Il voulait sortir du système tonal européen tant usité dans la musique classique de l'époque. En fin ethnographe et ethnomusicologue, il a fait un long séjour dans la région des Aurès-Ziban pour enregistrer et transcrire des sommes de mélodies et de rythmes locaux. Il fut enchanté par le son du Fhayel, une flûte d'une trentaine de centimètres avec 5 trous utilisée par les autochtones. On retrouve la trace mélodique et rythmique de son périple à Biskra dans le 2e mouvement du quatuor 2 (opus 17) et dans le 3e mouvement de la suite pour piano, a-t-on appris. «Bella Bartok intègre des éléments des rudes danses de Biskra dans des morceaux extraordinaires, d'une sauvagerie percutante avec des rythmes martelés et des dissonances somptueuses», a précisé l'intervenant en s'appuyant sur les travaux d'Auguste Maure. Apportant de l'eau au moulin des nostalgiques de l'âge d'or de la Reine des Ziban où elle aurait été un centre culturel, touristique et économique de grande envergure, ce colloque a eu le mérite de dévoiler le passé resplendissant d'une ville qui n'est, malheureusement, que l'ombre d'elle-même, en dépit des efforts des autorités locales pour lui redonner son lustre d'antan, regrettent la majorité de ses habitants.