Les heureux événements se succèdent au Théâtre régional de Constantine (TRC). En un mois, on a assisté à deux heureuses naissances. Après Amenokal, première pièce en chaoui dans l'histoire du TRC, présentée sur les planches en octobre dernier, un autre nouveau-né est venu égayer ce monument culturel chargé d'histoire. Pour la première fois aussi dans l'histoire du 4e art en Algérie, un Théâtre régional écrit sa propre histoire. L'événement est la parution de l'ouvrage Constantine, mémoire d'un théâtre 1974-2014, édité en arabe par le TRC. Le père de ce nouveau venu dans le monde culturel n'est autre que Mohamed Ghernaout. Diplômé de l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger, formateur au CNFPH, ancien journaliste à En Nasr et El Hadef, et auteur de plusieurs ouvrages, Mohamed Ghernaout, âgé de 56 ans, s'est embarqué, il y a deux ans, dans une belle aventure lorsqu'il fut chargé de l'information et de la communication au TRC. «C'est en commençant par ranger et classer les archives du TRC que je me suis dit pourquoi ne pas écrire l'histoire de cet établissement à travers toutes les productions présentées de 1974 à 2014, et c'est ainsi que j'ai commencé à travailler sur cette mémoire culturelle», déclare-t-il. Cela a commencé par la consultation des archives de la presse, avec un passage par les archives de la wilaya, puis par ceux du journal arabophone An Nasr. «J'ai finalement décidé de débarquer à la Bibliothèque nationale et aux archives nationales d'Alger où j'ai consacré des samedis entiers pour dépouiller journaux et revues à la recherche de tout article sur les pièces du TRC produites entre 1974 et 2014», ajoutera-t-il. Ce véritable travail de fourmi donnera naissance à une belle et passionnante chronologie vivante, qui appelle la mémoire enfouie et ouvre les yeux sur un riche passé théâtral, qui demeure encore méconnu par les jeunes générations. Un grand saut dans le temps. Un voyage de 40 ans en arrière. Une plongée dans les méandres de l'histoire du TRC. Après un an et demi d'efforts soutenus et ininterrompus, le résultat a donné lieu à un magnifique historique de 51 œuvres, avec des fiches techniques détaillées. Une sorte de pièces d'identité des œuvres théâtrales. On y trouve l'histoire des productions du TRC depuis Atmaâ Ifessad Atbaâ, de Nouredine El Hachemi, jusqu'à Nissa El Madina de Chahinez Neghouache, en passant par Hada Idjib hada, Rih Semssar, Ness El houma, Massinissa, El Boughi, et autres. Méticuleux, Ghernaout pousse le détail jusqu'à mentionner la date de la générale, le timing, les comédiens, les techniciens, les coupures de presse, les photos, les prix obtenus, les dates de passage à la télévision, les sources des documents et les références des articles, avec en prime des biographies bien étoffées. Par ce livre, Mohamed Ghernaout offre une précieuse référence pour les intéressés. «Je ne suis ni historien ni chercheur, mais j'ai tenu à réaliser cette œuvre pour servir de plateforme et d'outil de travail aux étudiants et aux chercheurs», a-t-il révélé avec une grande modestie. Le livre a aussi ranimé des souvenirs et suscité des émotions. «D'anciens comédiens du TRC ont versé des larmes en feuilletant le livre», a révélé Mohamed Zetili, directeur du TRC. L'ouvrage qui rappelle aussi l'histoire du TRC depuis sa construction en 1861 à nos jours est un hommage à tous ceux qui sont passés par ce haut lieu de culture. C'est, en somme, une œuvre inédite pour l'histoire et la postérité.