Un très bel ouvrage sur la fantasia vient d'être édité par la Fédération équestre algérienne. L'initiative vient de Leïla Boutamine Ould Ali, une photographe passionnée de cet art traditionnel algérien qu'elle a voulu sortir des ornières du simple apparat pour aller en profondeur, remonter le temps de l'histoire et donner à voir dans sa diversité et sa cohésion une pratique répandue sur le vaste territoire qu'est l'Algérie, mais peut-être aussi tout le Maghreb. Pour elle, sur un plan artistique, il s'agit de «transgresser le simple cadre limité par l'objectif de l'appareil photographique afin de s'ouvrir à la transcendance de ces cavalcades habitées de vérité de sens et de passion». Ce travail de recherche picturale et historique, l'auteure l'a voulu «en rupture avec l'idéologie orientaliste à l'affût du pittoresque». Ce beau livre avec sa couverture rigide habillée d'un tissu noir toilé et estampillé avec de la dorure est préfacé par Abdelaziz Bouteflika et a fait l'objet d'une première exposition organisée au Méridien à Oran. D'autres promotions suivront pour toucher l'ensemble des régions. L'artiste et son éditeur ont eu l'idée d'associer des tirages de photos évoquant le contenu du livre pour mieux le mettre en valeur. «Ce sont juste quelques photographies qui sont exposées ici et qui me tiennent à cœur, car il y en a 150 dans le livre et elles sont chères à mon cœur parce qu'elles sont représentatives ou particulièrement dynamiques», explique l'auteure. En effet, c'est le désir d'être au cœur de la pratique qui motive la photographe qui réussit souvent à nous faire revivre cette atmosphère. Les résultats sont époustouflants et certaines œuvres laissent transparaître des sujets presque détachés du cadre, on dirait même des bas-reliefs. Une dimension supplémentaire mais qui a ses raisons. «Je ne travaille pas au téléobjectif, mais directement avec le grand angle, car, en étant loin de la scène, on ne peut pas avoir cette qualité et moi j'aime être à l'intérieur de la scène, être à proximité des chevaux», explique-t-elle en confiant avoir à maintes reprises reçu des coups de sabot, avoir été égratignée à cause de barrières piétinées et a avalé beaucoup de poussière. «Cet ouvrage est dédié à la gloire de la fantasia et du cheval barbe», indique de son côté M'hamed Zoubir Metidji, président de la FEA, dans le texte de présentation, en faisant remonter l'histoire du cheval dans notre pays à plus de 4000 ans. «La fantasia, explique-t-il, n'est pas seulement une simple course de chevaux qui se pratique lors des fêtes religieuses et événements nationaux, elle restitue notre histoire, notre culture et notre patrimoine.» La fédération, association reconnue d'utilité publique, déploie de grands efforts pour, ajoute son président, d'une part «maintenir vivant cet art ancestral qui est un patrimoine immatériel inestimable et, d'autre part, mettre en valeur le cheval barbe qui est intimement lié à l'identité, à l'histoire et à la mémoire de notre peuple».