Les mesures préconisant le recours à l'irrigation ne sont pas aussi faciles à concrétiser, en raison surtout de la vétusté des réseaux. Un déficit inhabituel et alarmant en pluviométrie est enregistré depuis le mois de décembre dans la wilaya de Guelma. Mais à entendre les fonctionnaires des secteurs de l'agriculture et de l'hydraulique en cette première décade du mois de janvier «il n'y a pas de quoi s'inquiéter pour le moment». Dans la wilaya de Guelma, le dernier bulletin de la cellule agro-météorologique, relevant du ministère de l'Agriculture, couvrant la période du 28 décembre 2015 au 3 janvier 2016 certifie une pluviométrie nulle dans cette région à vocation agricole, précisant toutefois «que le cumul de pluies du 1er septembre au 26 décembre 2015 a atteint 232 millimètres (mm) pour Guelma et 255 mm pour Bouchegouf». Bien évidemment, l'on comprendra que les pluies en question ont été enregistrées entre septembre et novembre, avec un pic remarquable de 116 mm en novembre. Ainsi, près de 84 000 hectares de terres emblavées en céréales risquent d'être frappés par la sécheresse à Guelma, si la situation actuelle perdure. «Les champs de blé ont besoin de 20 mm de pluie durant la deuxième et la troisième décade du mois de janvier», nous révèlent des professionnels du secteur. «Pour sauver les récoles il faut passer à l'irrigation d'appoint», poursuivent-ils. En clair, les agriculteurs doivent être équipés. De prime à bord, seuls les céréaliers spécialisés dans la production intensive sont concernés par l'irrigation d'appoint, en l'occurrence ceux qui disposent d'une ou plusieurs bornes d'irrigation sur les périmètres de Guelma et de Bouchegouf. Pour cette campagne 2015-2016, 4500 hectares sont l'objectif à atteindre par la direction des services agricoles (DSA) de Guelma en matière d'irrigation d'appoint pour les céréales, «dont la part du lion est détenue par les fermes pilotes de Guelma, entre autres Richi Abdelmadjid et Boumaza Saïd», précisent nos sources. Il est aussi question de disponibilité d'enrouleur pouvant irriguer 4 hectares en une seule fois. Seuls, une vingtaine de kits sont disponibles, dont 13 à la CCLS, une dizaine chez les fermes pilotes et le reste chez le privé. Mais les craintes portent surtout sur les défaillances qui peuvent survenir sur le réseau d'irrigation, dont la gestion est à la charge de l'ONID (Office national de l'irrigation et du drainage). Une structure chargée de l'ensemble de l'activité hydraulique agricole dans les grands périmètres d'irrigation, à l'instar de la wilaya de Guelma, soit 280 km de réseaux sur une superficie totale de 9250 hectares. «Les choses ne sont pas aussi simples qu'on le pense», nous dit-on. Marqué par sa vétusté, le réseau de Guelma a été proposé à la rénovation à maintes reprises, mais cette dernière tarde à être réalisée. Cependant, des échos contradictoires de cet office révèlent que le périmètre est fin prêt en cas d'alerte, pour alimenter les bornes en eau à partir du barrage de Bouhamdane, suffisamment rempli pour assurer une année en AEP et irrigation. Quoi qu'il en soit «faut-il attendre le 15 janvier pour déclencher l'alerte ?» s'interrogent des observateurs du secteur. Bien évidemment «non !» d'autant qu'une pré-alerte à la sécheresse a été ressentie depuis plusieurs jours déjà. Quant aux terres emblavées en cultures céréalières extensives, les fellahs devront prendre leur mal en patience et prévoir «une deuxième prière» pour que le ciel soit plus clément.