Dès le mois de janvier, les ménages algériens devraient ressentir le contrecoup des mesures prises dans le cadre de cette loi de finances, avec des factures qui enfleront à coup sûr du fait de l'augmentation des prix de l'énergie. Une hausse défendue par le gouvernement, car vitale pour le maintien des équilibres du budget de l'Etat. Bien que le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, ait à plusieurs reprises évoqué un projet gouvernemental visant à réviser le système des subventions généralisées, les augmentations des prix prévues en 2016 n'ont rien à voir avec une quelconque réforme de ces subventions qui, de l'aveu même du ministre, sont, pour l'heure, maintenues. Les hausses prévues en 2016 servent-elles pour autant les objectifs poursuivis, soit le retour graduel vers la vérité des prix ? Rien n'est moins sûr. La hausse des prix de l'énergie n'est que le fruit de l'augmentation des taxes, de la TVA et de la taxe sur les produits pétroliers en tête. Il faut rappeler dans ce sens que la loi de finances 2016 prévoit une augmentation de la TVA de 7 à 17% sur toute consommation d'électricité dépassant les 250 kWh et 2500 thermies par trimestre pour ce qui est du gaz. La LF 2016 table aussi sur une hausse de la TVA à 17% sur le gasoil et l'imposition de nouvelles taxes sur les produits pétroliers (essence et gasoil). Il n'est donc pas question de toucher, du moins aujourd'hui, aux tarifs de base. Les entreprises du secteur qui affichent des déficits en raison du gel des tarifs depuis 2005, Sonelgaz et Naftal notamment, ne tirent d'ailleurs aucun bénéfice de la hausse des prix. Bien que les responsables de ces entreprises refusent de s'exprimer sur la question, estimant que les mesures prises dans le cadre de la LF 2016 concernent le ministère des Finances, les propos tenus par ces derniers, il y a à peine quelques semaines, donnaient un autre son de cloche. Lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale au mois d'octobre, le PDG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, estimait ainsi qu'«une augmentation de la TVA ne veut pas dire une augmentation des tarifs». Celui-ci a évoqué l'impact du gel des tarifs de l'électricité sur l'entreprise, estimant le manque à gagner de Sonelgaz à 175 milliards de dinars. Et d'ajouter : «Tant que l'équilibre entre les charges et les revenus n'est pas établi, on aura toujours des problèmes de trésorerie (…), à un moment ou à un autre, Sonelgaz aura rendez-vous avec la tarification.» Quelques jours auparavant, c'était le PDG de Naftal, Hocine Rizou, qui évoquait les difficultés dont pâtit son entreprise en raison du gel des tarifs, considérant que c'est une question «prise en charge par les pouvoirs publics». D'ailleurs les travaux d'un brainstorming consacré au développement de Naftal font ressortir un déficit de certaines activités, comme la distribution de carburants et de GPL, où l'entreprise enregistre une baisse de 75% du chiffre d'affaires en raison des prix administrés et extrêmement bas. Il y a quelques jours, M. Rizou estimait que la tarification des produits pétroliers est du ressort du gouvernement et que cela échappe à Naftal. Il est donc légitime de s'interroger sur l'utilité des hausses des prix. Pour l'heure, tout porte à croire que l'augmentation des taxes permettra surtout de combler le manque à gagner en ressources budgétaires grevées par la chute drastique des cours du brut. Autrement dit, il s'agit beaucoup plus d'enjoliver le bilan fiscal et d'afficher des chiffres permettant de soutenir l'optimisme gouvernemental quant à la bonne tenue des équilibres budgétaires. D'ailleurs, le ministre des Finances ne manque pas, à chacune de ses sorties, de préciser que 2016 sera la première année où, du point de vue des ressources budgétaires, les recettes de la fiscalité ordinaire seront supérieures à celles de la fiscalité pétrolière. Un argument que le ministre a remis en avant mardi, à la veille de l'adoption de la loi de finances par le Conseil de la nation.