L'entrée en vigueur de la loi de finances pour 2016 suscite moult interrogations auprès des chefs d'entreprise. C'est dans ce sens que le cabinet de consulting et de formation Meta Training Consulting (MTC) a organisé, hier à Alger, une journée de formation au profit des chefs d'entreprise, animée par le consultant et ex-cadre de la direction générale des Impôts, Brahim Chahed. Celui-ci a d'ailleurs insisté, durant son exposé, sur le caractère exceptionnel de la conjoncture marquant la publication de cette loi de finances et qui pousse les pouvoirs publics à entreprendre certaines réformes. C'est ainsi que M. Chahed a mis en avant l'adoption récente d'un nouveau code des marchés publics ainsi que la préparation de nouveaux textes. Il s'agit en premier lieu de la charte de partenariat sociétaire qui a pour objectif de rassembler tous les textes régissant ou issus du Conseil des participations de l'Etat. Il va sans dire, nous explique M. Chahed, que les dispositions financières préparant l'acte d'investir seront désormais prises en charge par les lois de finances. C'est le cas notamment des articles controversés de la LF- 2016 relatifs à la règle des 51-49% et à l'ouverture du capital des entreprises publiques. Le consultant évoque aussi le nouveau code des investissements qu'il est loin de considérer comme révolutionnaire. Le fait est que, selon M. Chahed, le nouveau texte se limite à la gestion du foncier et aux procédures administratives, et ne prend pas assez la mesure de l'amélioration du climat des investissements. Le consultant à MTC est aussi revenu sur l'impact de la chute des cours du brut sur l'économie algérienne. Si celui-ci reconnaît que les données à court terme poussent au pessimisme, l'expert dédramatise les choses en estimant qu'à plus long terme, et quoi qu'en dise «la propagande occidentale», l'ère du pétrole bon marché est révolue. Il va sans dire que le déclin actuel des cours ira de son impact sur l'Algérie. Un effet qui s'est d'abord traduit par une dépréciation du dinar de plus de 41% face au dollar et de 35% face à l'euro depuis le début de la crise. Il évoque les risques persistants sur les équilibres budgétaires, avec un budget sur un prix de référence du baril de pétrole à 37 dollars, tablant sur un cours moyen de 45 dollars et un prix d'équilibre budgétaire de 108 dollars. Le déficit du Trésor devrait ainsi s'aggraver et le recours aux ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) sera plus massif. C'est à ce titre que M. Chahed critique la gestion du FRR, en rappelant que le recours aux ressources de celui-ci est du seul ressort de l'Exécutif, sans possibilité de contrôle parlementaire. Il a également mis à l'index les décaissements opérés sur le FRR pour la couverture du déficit du Trésor dès 2006, au moment où l'Algérie n'était pas en crise. M. Chahed précise ainsi que les ressources du FRR sont passées, au rythme des décaissements opérés, de 91 milliards de dollars à une perspective de 16,9 en 2016, en plein cœur de la crise, et qu'elles risquent de s'épuiser en 2017. Enfin, le consultant notera le rythme effréné d'épuisement des réserves de change qui baissent, selon lui, de 50 milliards de dollars par an.