Le Conseil des ministres présidé par le président de la République avait adopté, le 30 décembre dernier, le projet de construction d'un grand port commercial au niveau du site El Hamdania, situé à l'est de la commune de Cherchell, pour un coût théorique initial estimé à 3,3 milliards dollars, avant sa future réévaluation. Aucun projet érigé dans la wilaya de Tipasa n'a respecté son délai de livraison et son coût, hormis les trémies de Bou Ismail et de Tipasa. Vraisemblablement, le premier magistrat du pays et le Premier ministre auront été induits en erreur par l'exposé conjointement préparé par les ministères des Transports et des Travaux publics. L'Algérie avait participé activement aux travaux de la COP21 (conférence planétaire sur le développement durable, ndlr) en décembre 2015 à Paris (France). Tous nos interlocuteurs soucieux de l'avenir de notre pays, à l'échelle locale et nationale, sont unanimes pour affirmer que le site d'El Hamdania n'est pas indiqué pour abriter un important port commercial. Les études étaient-elles vraiment sérieuses ? La décision relative à la réalisation d'un port commercial d'une dimension internationale prise par le président de la République au niveau de la wilaya de Tipasa avait été à l'unanimité bien accueillie par sa population et celles des wilayas environnantes. Néanmoins, d'autres sites adaptés pour abriter cette infrastructure portuaire sont disponibles plus à l'ouest de la ville. Il suffit de mener une prospection sérieuse qui tienne compte de tous les paramètres allant dans le sens de l'intérêt socioéconomique de notre pays. Nonobstant le montage financier pour ce projet et la qualité de «l'étude» présentée aux hautes autorités du pays, les décideurs doivent savoir ce que coûtera le projet, si par malheur, il sera construit à l'est de la commune de Cherchell. La partie ouest de la ZET de la corniche du Chenoua et les deux ZET de Oued Bellah vont totalement disparaître. Les plages de Oued Bellah, de Rocher blanc, d'El Hamdania et des 3 îlots seront «englouties» par le béton. Selon une source sûre, exactement 139 006 m2 de plages vont à leur tour disparaître avec la construction de ce projet, alors qu'elles accueillent des centaines de milliers de familles pendant les saisons estivales. Le secteur du tourisme au niveau du centre de la wilaya de Tipasa sera anéanti, en dépit des discours prometteurs. Le site archéologique d'El Hamdania encore visible grâce aux fouilles entreprises durant ces dernières années, s'étendant sur une surface de 2 ha, disparaîtra à son tour, le même sort sera réservé au site archéologique sous-marin d'une surface qui dépasse 210 m2 où 22 canons du XVIe siècle, dont la longueur varie entre 1 et 2 mètres, sont toujours immergés, et ce, depuis des siècles et «reposent» au fond de la mer, à proximité du rivage. Un relief magique d'une surface de 500 ha environ, qui relève du patrimoine forestier, couvre une colline constituée de pins d'Alep. Les concepteurs de ce projet, qui s'entêtent à le réaliser à l'est de Cherchell, amputent le CW109 qui longe la corniche du Chenoua de son axe routier à l'Ouest d'une distance très importante. La solution proposée consiste à percer la zone ouest du mont Chenoua (site naturel classé) afin d'obliger les automobilistes en provenance de l'agglomération rurale d'El Hamdania à dévier l'habituelle route, pour rejoindre Cherchell ou Sidi Amar. Le tsunami destructeur s'attaquera également à une surface de 400 ha de terres agricoles, à haute valeur agronomique, une superficie située au niveau des périmètres irrigués du Sahel algérois et de la Mitidja-Ouest. Des parcelles agricoles seront sacrifiées afin de pouvoir construire une voie express (projet non encore inscrit, ndlr) de deux fois deux voies, d'un linéaire de 60 km, qui reliera «le port commercial d'El Hamdania» à El Affroun (Blida). En dépit de l'existence d'un projet inscrit et non encore entamé, relatif à la réalisation d'une voie express reliant Tipasa à El Affroun, «les concepteurs du port commercial» ont imaginé une autre voie express de 60 km pour la même destination. Cet axe routier devra traverser les terres agricoles des communes de Cherchell, Nador, Tipasa, Hadjout, Sidi Rached, Bourkika et Ahmer El Aïn, avant d'atteindre sa destination, El Affroun. En plus de la disparition des collines boisées qui se jettent jusqu'à la mer, des plages, des terres agricoles, les concepteurs du projet passent encore sous silence le «déracinement» de plus de 600 familles qui vivent au niveau des nombreux sites naturels. C'est une population attachée à ses traditions et ses coutumes, qu'il faut faire disparaître du décor. Les concepteurs de ce projet persistent. Inutile d'évoquer en plus le désastre que causeront les travaux du projet du port commercial d'El Hamdania sur l'arboriculture, les cultures maraîchères, la plasticulture, et de surcroît sur cette succession de 3 cultures (primeurs, saison, et arrière-saison, ndlr) appartenant à la plaine de la Mitidja. Depuis l'année 2000, le président de la République n'a cessé de rappeler et d'insister dans ses orientations sur le respect des schémas directeurs nationaux qui tiennent compte de la cohérence dans le développement au pluriel des secteurs d'activités, pour atténuer et éliminer toutes sortes de pollutions, de préserver les espaces naturels et rationaliser l'exploitation des richesses, mais surtout éviter les déséquilibres spatiaux qui risquent d'aggraver la situation et mettent en péril l'avenir. Décalage entre les discours et la réalité du terrain ! Les patrons pêcheurs locaux sont tombés des nues en apprenant la nouvelle, notamment sur le tirant d'eau. Menace sur la pêche artisanale Nombreux sont les citoyens et familles qui connaissent parfaitement les lieux, ayant volontairement interpellé notre journal, afin d'alerter les hautes autorités du pays qui auraient été induites en erreur par les concepteurs du projet du port commercial centre d'El Hamdania (Cherchell), selon leurs propos. Le site El Hamdania mérite d'être visité officiellement par les ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture, de l'Environnement et du Tourisme afin de pouvoir analyser l'impact du projet dans la partie est de Cherchell, sachant que la possibilité de l'implanter dans d'autres sites à l'ouest de la ville existe, sans causer un crime écologique, économique, culturel et social. Les responsables algériens qui avaient participé à la COP21 à Paris sont-ils d'accord pour la destruction de tous ces patrimoines naturels, agricoles et culturels ? Les concepteurs du projet veulent mettre tous les décideurs devant le fait accompli. Ils avaient même prévu le début des travaux de «sape» à compter de juin 2016. En réalité, rien n'était prêt dans les moindres détails lors de l'adoption du projet par le Conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, tenu 17 jours après la réunion de la COP21 à Paris, sous l'égide de l'ONU.