Que se passe-t-il encore à Mahmel (ex-Tazouguert), commune considérée comme le fief des «Nememchas», située à 9 kilomètres à l'est de la ville de Khenchela ? Cette commune semble ne plus être gérée par ceux qui en ont la charge, qu'ils soient élus locaux ou segments de la société civile. La violence y gagne du terrain et même les services de sécurité sont apparemment dépassés par les graves événements, parfois sanglants, qui s'y produisent. Il y a deux jours, en toute impunité, sans crier gare et au vu et au su de tout le monde, un groupe d'enfants de chouhada (plus que cinquantenaires) ont squatté d'autorité un terrain foncier, propriété de la commune, à la sortie de la ville, à proximité du stade municipal, y ont installé une tente faisant office de baraque de chantier et entamé la construction de maisons ! Accourus sur les lieux, élus et agents de police ont assisté impuissants à ce coup de force, puisque les «constructeurs illicites» ont poursuivi les travaux, imperturbables. Ils ont refusé d'arrêter la construction, défiant publiquement les autorités présentes sur les lieux, déclarant qu'eux aussi avaient le droit de bénéficier de terrains à bâtir, à l'instar «des élus locaux qui se servent jour et nuit en terrains de toutes sortes et s'accaparent les biens de l'Etat en toute impunité sans qu'aucune autorité vienne les en empêcher». Et d'ajouter : «Nous aussi, nous avons le droit à notre part dans notre ville.» Des citoyens rencontrés sur les lieux reconnaissent que «cette action illégale vient en réponse au pillage systématique du foncier et des biens de l'Etat par nombre d'élus locaux», et en appellent au wali «afin qu'il intervienne pour mettre fin à cette prédation à grande échelle en ouvrant une enquête sur tous ces détournements du foncier par les élus locaux, plus particulièrement pendant les deux mandats successifs de l'actuel président de l'APC de Mahmel». Ils considèrent, par ailleurs, que leur «commune ne doit pas devenir une zone de non-droit qui tourne le dos aux lois de la République et que la sécurité doit y être rétablie». Des constructions illicites sur les terres de la commune Des faits tout aussi graves ont eu lieu jeudi dernier au chef-lieu de wilaya. Ordre a été donné de détruire des constructions illicites bâties sur des poches foncières, propriété de la commune, mais les élus locaux en charge de l'opération ont étrangement brillé par leur absence, alors que les forces de l'ordre réquisitionnées pour le bon déroulement de l'opération étaient présentes sur les lieux. Il faut préciser que parmi les «bénéficiaires» de ces constructions illicites figurent d'anciens élus locaux et d'anciens fonctionnaires. Le nouveau wali de Khenchela se retrouve confronté à des élus indélicats -ville de Khenchela, Mahmel et bien d'autres communes-, dont les pratiques illégales sont enfin mises à nu : est-ce le début d'un bras de force qui ne dit pas son nom ?