A partir de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l'Unesco en 2003, des pays ou groupes de pays ont pu accéder à la liste représentative du patrimoine immatériel de l'humanité en y inscrivant des éléments de leurs traditions. En 2010, la voie a été ouverte aux patrimoines culinaires avec la France qui a réussi à faire inscrire le repas gastronomique des Français, tandis qu'un groupe de pays (Espagne, Grèce, Italie, Maroc, étendus en 2013 à Chypre, la Croatie et au Portugal) inscrivait le régime alimentaire méditerranéen, dit crétois auparavant. La même année voyait la cuisine traditionnelle mexicaine et le pain d'épice croate intégrer la fameuse liste. En 2013, c'était au tour des washoku, traditions culinaires du Japon. Ces inscriptions ne correspondent pas à une simple recherche de prestige, même si elles en apportent. Elles permettent de labelliser des gastronomies et, ce faisant, de les sauvegarder et de les promouvoir dans des approches à la fois culturelles et économiques. L'Algérie qui a réussi à inscrire cinq éléments de son patrimoine immatériel avec un professionnalisme reconnu (aucun dossier rejeté, ce qui arrive à des pays avancés) n'a pas encore intégré dans ses propositions sa riche gastronomie nationale. On pense notamment au couscous pour lequel l'Algérie présente le plus de variantes estimées à plus d'un demi-millier. C'est un dossier qui pourrait être présenté avec les autres pays du Maghreb puisque, selon une citation attribuée à Ibn Khaldoun, cet ensemble régional se définit comme débutant et finissant là où l'on consomme ce mets, désormais répandu dans le monde. L'Algérie pourrait aussi s'inscrire en extension au régime méditerranéen puisque son patrimoine culinaire répond aux critères de ce régime. Et, pourquoi pas, présenter, comme le Mexique, un dossier d'inscription de l'ensemble de la cuisine algérienne ? C'est un enjeu passionnant qui nécessiterait, comme le propose Rachida ZIouche-Lazrak (lire p. 14) un inventaire national hautement utile à notre société comme à notre économie.