L'œuvre de la réalisatrice Soraya Ammour, de la station de l'ENTV Constantine, a été projetée en exclusivité mercredi dernier au palais de la culture Al Khalifa, lors du colloque national consacré à la vie et la production littéraire du père de la nouvelle algérienne, Ahmed Redha Houhou. Un travail de recherche et d'investigation produit en 2015, qui a permis de révéler au public des phases encore méconnues de la vie de cet homme rebelle, révolté, réformateur et militant de la cause nationale. Le film est captivant dès son entame, avec cet hommage rendu à Houhou, enfant adoptif de Constantine, par l'une des sommités de la littérature algérienne, Malek Haddad, un autre enfant de la ville. Après un retour inévitable sur les premiers mois qui ont suivi le déclenchement de la révolution de 1954, et l'organisation de l'action armée à Constantine, survient le passage le plus émouvant du film. Celui qui relate les conditions de disparition, puis d'assassinat de Redha Houhou, lors de cette dramatique soirée du 29 mars 1956, après le fameux attentat contre le commissaire de police Sammarcelli, assassiné le même jour, non loin de la place de Rahbet Essouf à Constantine. En représailles, des centaines de personnes seront embarqués par les forces de l'armée française. Treize d'entre eux, dont Ahmed Redha Houhou, seront fusillés et enterrés dans une tombe collective à Oued Hamimime. Enchaînant par un retour aux sources, pour relater l'enfance et la jeunesse de Redha Houhou à Sidi Okba, sa ville natale, située à 18 km de Biskra, le film remonte dans le temps pour lever le voile sur les véritables raisons ayant poussé le père de Redha Houhou à fuir l'Algérie en 1934 avec 40 des membres de sa famille vers le Hidjaz, dans l'actuelle Arabie Saoudite. Dignitaire et notable de la ville de Sidi Okba, le père de Houhou était chargé du trésor de la région. Très convoité par l'administration française et ses sbires représentés par le caïd Bouaziz Bengana, il sera une source d'ennuis pour lui. L'assassinat de son frère le poussera à choisir l'exil. La jeunesse de Redha Houhou, ses études à Médine, la parution de sa première œuvre «Ghada Oum El Qoura», dédiée à la femme algérienne, son retour en Algérie après 1945, ses activités au sein de l'association des Ulémas, ses voyages, ses écrits dans la presse, et la création à Constantine d'El Mizhar El Qassantini en 1949 sont les principales phases que Soraya Ammour présente dans un film-documentaire truffé de précieux témoignages de membres de sa familles, mais aussi d'historiens et autres intellectuels. Celui que l'on considère aujourd'hui comme étant le père de la nouvelle algérienne, et celui qui a publié le premier roman en arabe dans l'histoire de la littérature en Algérie, a été un aussi un grand homme de culture, à la plume critique, au style satirique, ne manquant pas aussi du sens de l'humour. Il décédera à l'âge de 49 ans. Réalisé d'une manière subtile et très pédagogique, le film de Soraya Ammour est un juste et vibrant hommage à cette personnalité.