Lorsque des personnes âgées et des enfants innocents se font écraser à quelques mètres seulement de leur domicile par cette nouvelle vague de jeunes conducteurs, pilotant à tombeau ouvert de rutilants carrosses, c'est que le danger guette tout le monde, d'autant plus que la majorité des panneaux de signalisation sont illisibles. La signalisation routière, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, fait grandement défaut dans la quasi-totalité des accès routiers de la ville de Mila. Les rares panneaux encore debout sont décrépis et prêtent à confusion, trahissant de longues années d'usure. Ainsi foulée aux pieds et vouée aux gémonies, la réglementation routière ne semble intéresser personne, comble de l'ironie, au moment même où la tragédie des accidents de la circulation a atteint la cote d'alerte. Et quand, de surcroît, la Faucheuse se met à happer des vies humaines en milieu urbain, parce que des quidams poussent un peu trop sur le champignon, c'est que les usagers, autant que les piétons, sont en plein naufrage. Certes l'incivisme peut développer des réflexes meurtriers chez les conducteurs qui n'ont cure de jongler avec la vie d'autrui, mais cela ne doit en aucun cas dédouaner l'impéritie des responsables, qui rechignent même à installer, au moins aux points sensibles des panneaux de signalisation adéquats. Les citoyens qui résident tout au long du tumultueux boulevard allant de la «Cora» jusqu'au village des Italiens en savent quelque chose sur le drame des accidents récurrents, qui ont coûté la vie à d'innocents citadins. Multiplier au moins les ralentisseurs sur tous les itinéraires chaotiques, n'est en somme pas un ersatz aussi inconvenant.