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La dégradation causé par la mauvaise gestion des eaux
La désertification guette également les oasis
Publié dans El Watan le 27 - 01 - 2016

Jardins luxuriants, qui fleurissent au milieu de rien, certaines oasis ont été créées de toutes pièces par l'homme au fil des siècles.
Elles sont les champs du désert grâce auxquels des générations ont pu faire face aux conditions atmosphériques dans les terres les plus arides de la planète. Par la force de son intelligence et de sa volonté de survivre, l'homme est parvenu à exploiter l'eau du désert à l'aide de systèmes d'irrigation très ingénieux.
Cependant, il y a lieu de savoir que les oasis sont menacées de disparition, car la désertification guette. C'est pourquoi une meilleure gestion des ressources en eau est plus que nécessaire pour la pérennité de ces oasis. Saker Mohamed Lakhdar, chercheur au laboratoire de protection des écosystèmes en zones arides et semi-arides à l'université Kasdi Merbah de Ouargla, a élaboré une étude sur la gestion des eaux et le développement des oasis sahariennes. Il met l'accent à travers ce travail de recherche sur le danger de la dégradation de l'environnement oasien causé essentiellement par la mauvaise gestion des ressources en eau et le «partage inéquitable» de cette denrée.
M. Saker explique que l'objectif de cette étude est de «donner un aperçu sur les ressources en eau et analyser leur niveau d'exploitation et de gestion, sur la base de données estimées. L'étude se propose également de mettre en évidence les problèmes posés et préconise des solutions concrètes pour améliorer la situation des ressources en eau dans les oasis sahariennes, dans le cadre d'une perspective de développement durable». En effet, l'utilisation irrationnelle de l'eau met en péril l'existence de ce petit paradis et cette denrée qui constitue une ressource nécessaire pour son maintien serait donc vouée à l'anéantissement. «Les résultats montrent que les problèmes de dégradation enregistrés sont le résultat d'un dysfonctionnement hydrique à l'échelle régionale et des oasis.
La mauvaise gestion des eaux, conjuguée aux difficultés de drainage, a favorisé la stagnation des eaux, qui n'est pas réalisée correctement, nécessitant un entretien et une amélioration», développe le chercheur. Selon le Dr Saker, la salinisation des sols et la remontée des eaux au niveau des palmeraies sont les conséquences de la pratique d'une irrigation aléatoire de submersion et d'un mauvais drainage. Par manque de moyens et l'existence de plusieurs difficultés mettant ces terres dans un état de régression continue, la mise en place d'une politique de développement durable de ces oasis est donc urgente et nécessite des efforts considérables. «La mauvaise gestion de l'eau a impacté négativement le développement des oasis et leur production.
En effet, le développement durable de ces oasis sahariennes reste limité par le niveau élevé des contraintes enregistrées et l'absence de moyens d'aménagement mis en œuvre», souligne-t-il dans son étude.
Afin d'obtenir des résultats probants sur l'état actuel des oasis, la mise en place d'une approche méthodologique est de rigueur. Il s'agit, en effet, de faire le point sur la situation des ressources en eau dans le Sud algérien et mettre en évidence les problèmes posés. «Cette première approche nous permet de proposer des solutions et d'envisager des perspectives de développement de ces ressources», argue le chercheur.
Selon l'étude, les pertes en eau enregistrées dans les réseaux d'irrigation sont estimées à 40% et oscillent en général entre 30 et 60%. Les eaux des nappes peu profondes, alimentées par les eaux de pluie, d'importance moyenne, mal étudiées et mal évaluées, servent à l'alimentation en eau potable et à l'irrigation agricole de surfaces modestes de certaines zones sahariennes. «Globalement, on peut dire que dans ces conditions, les débits n'ont pas connu une évolution significative, surtout entre 1970 et 1987, et sont très loin de répondre à la norme qui recommande un débit de 0,8 à 1 l/s/ha. Ils représentent seulement 30% des besoins réels des cultures», précise l'étude. Il convient de souligner qu'en 2010 le débit était estimé à 0,62 l/s/ha, ce qui reste, hélas, très loin de répondre aux besoins de l'activité agricole saharienne.
Une meilleure stratégie pour assurer un développement durable
Selon le chercheur, le développement durable nécessite une stratégie à long terme pour assurer un certain pilotage visant la réalisation de perspectives de développement sur des bases de données suffisantes. Ces dernières résultent d'une coordination des différentes structures impliquées, appuyées par des recherches pluridisciplinaires.
Afin d'arriver à un développement durable, la valorisation des ressources en eau à travers une exploitation judicieuse, exige impérativement d'associer largement les populations locales. «Il faut qu'elles puissent tirer profit de tout programme de développement, notamment en diversifiant et en améliorant les revenus», recommande M. Saker dans son étude. Pour parer aux problèmes dont souffre le milieu oasien, il est recommandé une exploitation et une utilisation rationnelles des ressources en eau pour en assurer une bonne gestion. C'est en effet l'objectif de cette étude. «L'essentiel ne réside pas sans doute dans l'aménagement, mais plutôt dans l'immatériel.
C'est-à-dire l'acquisition de références sérieuses, la structuration et le renforcement des filières de gestion constituent des actions prioritaires. Il est bien évident que toutes ces actions seraient vaines et ne sauraient atteindre leur but, que dans la mesure où elles s'inscrivent dans le cadre d'un plan d'aménagement et de développement global, soutenu par les pouvoirs publics, appliqué et suivi par les services techniques spécialisés compétents», instruit le chercheur.


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