Le photographe Zinedine Zebar, et le journaliste Mohamed Balhi pour le texte signent un beau-livre - vraiment beau dans l'acception littérale - consacré aux phares algériens. Justement, cet ouvrage est intitulé Les Phares d'Algérie : Vigies de la côte paru éditions Casbah. Ce beau livre, sans jeu de mots, nous éclaire. Puisque guide. En compulsant cet ouvrage, le lecteur sera plongé dans l'univers marin. Une voyage ayant la «cote» d'or. Où il observera des haltes à Annaba, Ghazaouet, en passant par Jijel, Mostaganem, Tipasa, Alger, ou encore Boumerdès. Un bon plan…d'eau émeraude fleurant bon l'iode. Des arrêts sur images. De beaux instantanés. Des panoramas à la vue imprenable. Ces phares d'Algérie. De véritables cartes postales immortalisées par Zinedine Zebar. Insulaires vigiles Trente-deux phares algériens comptabilisés. Par opposition à l'Office national de signalisation maritime (ONSM) recensant 22 phares sur le long des 1622 km du Tell algérien. Ces tours brillant de mille feux pour guider les navires et leur éviter les écueils. Au fil de ce périple maritime, on découvre la beauté de haut…vol de ces édifices. Un lieu, une histoire, une légende. Et ce, à travers un texte pédagogique très instructif, vulgarisant l'histoire des phares algériens. Dans le passé, Carthaginois et Romains avaient acquis les sciences et pouvaient se déplacer et s'orienter en mer grâce à une meilleure connaissance des astres, des vents et du littoral, de surcroît sans carte ni instruments… déjà, au temps des Carthaginois puis des Almohades, la succession de promontoires tout au long du littoral algérien permettait l'établissement d'une signalisation par des feux allumés. Ces feux servaient aussi, selon Pline l'Ancien, lui-même amiral, à communiquer d'un endroit à un autre. De jour, les marins s'orientaient grâce à des points de repère - les amers - perceptibles tout au long de la côte au sommet des collines. Comme par exemple des santons ou des mausolées. On peut citer la tour de Sidi Brahim à Honaïne, ou Bordj Sbanioul selon René Basset cité par Abderrahmane Khelifa, une tour de vigie datant de la période espagnole, y lit-on. Ils ont la cote On apprend aussi à travers le linéaire des phares algériens que le choix du site de l'implantation obéissait à des contingences géostratégiques : «Le phare de Ténès, inauguré en 1865, a été suivi par l'implantation d'autres phares sur le littoral de l'ouest du pays.» L'objectif des autorités coloniales françaises était de sécuriser la côte par un système de signalisation permettant ainsi aux vaisseaux d'acheminer les troupes destinées à la conquête de l'ouest algérien et à mater les insurrections des tribus alliées à l'Emir de Abdelkader. 25 phares ont été construits de 1861 à 1954. Selon les normes adaptées à l'époque. La plupart ont une architecture et une maçonnerie qui ne sont pas similaires. Leur tour se présente de différentes formes. Carrée, octogonale ou cylindrique. A titre d'exemple, le phare de l'îlot d'Arzew est une tour cylindrique en maçonnerie lisse de 12 mètres de haut. La région d'Arzew possède une longue histoire en tant que lieu de négoce réputé pour la sûreté de son port. Arzew tirerait son origine du berbère «arzieu» qui veut dire «broche, forte pointe». Les phares d'El Kala, Tarf (1850), Cap Rosa, El TArf (1906), Cap Carbon, Béjaïa (1907), Cap Matifou, l'Amirauté à Alger, Cap de l'aiguille Kristel, Oran (1865), Cap Falcon, Oran (1868), l'île de Rachgoun, Aïn Témouchent (1870) ou encore celui des Deux Frères Ghazaouet à Tlemcen, sont autant de vestiges remarquables de par leur beauté, envergure et surtout histoire. Un patrimoine effarant ! Zinedine Zebar et Mohamed Balhi Les Phares d'Algérie : Vigies de la côte, beau-livre, 288 pages, Editions Casbah