Daech publie régulièrement des vidéos de menaces envers l'Algérie et d'appels au ralliement. Le nombre d'hommes derrière l'EI en Algérie est estimé à une centaine, isolés et régulièrement mis à mal par les opérations militaires. Trois Algériens de l'organisation Etat islamique partis combattre en Syrie sont, selon des sources sécuritaires, revenus en Algérie. Mandatés par Abou Bakr Al Baghdadi, ils ont pour mission de «réactiver» «wilayate Al Djazaïr», nom donné à l'ensemble de l'organisation (cellules dormantes urbaines et section militaire dans les maquis) en Algérie. Le premier de ces djihadistes s'appelle Abou Mouram Al Djazairi (Mohamed Merimi, de son vrai nom). Il se serait réintroduit en Algérie en passant par la Tunisie. Le second, Abou Al Kacem Al Mouhajir, est originaire d'El Bayadh et serait parti en Syrie en 2012. Le troisième reste encore inconnu. Il ne s'agit pas là de cas isolés : en novembre 2015, les services de sécurité tunisiens ont averti leurs homologues algériens qu'une vingtaine de djihadistes algériens seraient revenus du Moyen-Orient, la plupart pour rejoindre l'EI en Libye. En fin de semaine dernière, 32 personnes ont été arrêtées à Boumerdès par les services de sécurité (source El Khabar) qui parlent du «deuxième plus important réseau de l'EI en Algérie». L'an dernier, 21 autres personnes avaient été arrêtées. Parmi les djihadistes présumés interpellés se trouvent quatre femmes dont l'épouse d'Abou Mouram Al Djazaïri, présenté comme le mufti. Ce réseau avait pour mission de recruter des combattants pour les envoyer en Libye. En décembre 2015, des forces de l'ANP avaient déjà arrêté deux personnes – une de Djelfa, une de Blida – qui cherchaient à partir en Libye. Après enquête, il est apparu qu'elles faisaient partie d'une cellule de plusieurs wilayas chargées de recueillir de l'argent pour faciliter le passage des recrues. Ces échanges entre la Libye et l'Algérie semblent avoir un centre de décision : Syrte, bastion de la tribu des Kadhafi, tombé aux mains de l'EI en février 2015. En un an, les effectifs, de moins de 1000 hommes, sont passés, selon des sources sécuritaires libyennes, à presque 2000 combattants, rejoints chaque jour par de nouveaux arrivants, essentiellement de l'étranger. Selon Abdel Raouf Kara, chef de la Force de dissuasion spéciale, une milice salafiste adoubée par le Congrès général national et chargée d'éradique les cellules de l'EI à Tripoli, l'organisation terroriste prévoit «d'étendre ses opérations au Maroc et en Algérie» (source Middle East Eye). «Nos renseignements suggèrent que parmi les combattants de l'EI ici, les Libyens sont très peu nombreux. Beaucoup d'entre eux sont des Tunisiens, des Marocains, des Algériens, des Nigérians et des Soudanais. Ils sont aussi nombreux à revenir de la guerre en Syrie. Ils sont bien organisés et préparés à tout. Et d'après nos interrogatoires des prisonniers, nous supposons que les prochaines cibles seront le Maroc et l'Algérie.» Daech publie régulièrement des vidéos de menaces envers l'Algérie et d'appels au ralliement. L'an dernier, deux Algériens, Abou Hafs Al Djazaïri et Abou Al Bara Al Djazaïri, promettaient à l'armée et au gouvernement «une guerre de long terme sur leur route vers l'Andalousie». Depuis la mort de Abdelmalek Gouri (Abou Souleymane), le leader de Jund Al Khilafah (la section militaire de wilayate Al Djazaïr), tué dans une opération militaire aux Issers en décembre 2014, et celle de Bachir Kherza (Abou Abdallah Al Acimi) et des frères Badaoui du côté de Bouira en mai 2015, les forces de l'EI en Algérie ont été sérieusement diminuées. Il ne resterait du groupe de Bouira, selon un garde communal mobilisé pendant le rapt d'Hervé Gourdel dans le parc du Djurdjura, que «six ou sept terroristes». On connaît aussi deux groupes armés à avoir fait dissidence d'avec Aqmi, de plus en plus affaiblie, pour rejoindre l'EI : l'ex-serriyat Al Ghuraba, groupe armé de Constantine et de ses environs qui a officialisé son ralliement en juillet 2015 et l'ex-katiba Al Îtissam, dans la région de Skikda. Le nombre d'hommes derrière l'EI en Algérie est estimé à une centaine, isolés et régulièrement mis à mal par les opérations militaires. Au nord du Mali, des informations rapportent aussi que des djihadistes d'Al Mourabitoune, le groupe de Mokhtar Belmokhtar se sont ralliés à l'EI. Ce qui fait craindre aux services de sécurité des risques de connexion : à la fois avec les maquis en Tunisie (via les maquis de Constantine et de Skikda, par de nouvelles allégeances) et avec le Sahel où est aussi possible une guerre de rivalité entre les combattants de l'EI et ceux d'Al Qaîda.